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Ambassadeurs Angers : Jean-Pierre Termeau, l’âge de passion

Ambassadeurs Angers : Jean-Pierre Termeau, l’âge de passion

Publié le 24/02/2011



La deuxième journée des Ambassadeurs, en terres angevines, a permis de découvrir une belle histoire, comme le rugby sait souvent nous en offrir. Petit, affublé d'une superbe moustache et d'une casquette le protégeant du crachin, Jean-Pierre Termeau est fidèle au poste, au chevet des minots de l'Angers SCO, crampons aux pieds et prêt à conseiller ses ouailles sur le bon geste à faire. Jusque là, rien d'extraordinaire, il est un bénévole comme tant d'autres, disponible et attaché à ce sport. Mais en y regardant de plus près, c'est un personnage.

Car si beaucoup de bénévoles ont de la « bouteille », Jean-Pierre, du haut de ses 72 ans, est un magnum d'expérience. Doyen de l'équipe angevine, il reste le ciment de ce club, comme l'explique son Président Gilles Martin : « Il était déjà là lorsque je suis arrivé, il jouait en vétéran et s'occupait de l'école de rugby… il est l'âme de ce club et tout le monde l'adore ».

Et en effet, les mots gentils ne sont pas rares lorsque l'on évoque l'homme, véritable mascotte du club. Pas une mascotte grimée aux couleurs de son club, ou vêtue d'un déguisement original, voire animal. Non ! une mascotte au naturel, le visage un peu marqué par les années, mais pas par la passion. Car en effet, dès qu'il parle de rugby, qu'il touche un ballon, qu'il voit les petiots fouler la pelouse, les rides laissent place à un sourire communicatif et intense.

Pourtant, comme il l'explique, cette voie n'était pas tracée. « J'ai découvert le rugby sur le tard, à l'armée vers 20 ans. Mais quand on a gouté à ce sport, on ne peut plus s'en passer, on y reste viscéralement attaché. Je n'en connais pas les raisons profondes, mais c'est dans le sang. Les valeurs bien connues de ce sport, la fraternité, le combat, le partage, font que l'on aime le rugby… Aujourd'hui, ça fait partie de moi ! »


Les enfants l'adorent

Et au regard du parcours de l'éducateur, cela se confirme. A son retour, de l'armée, lorsque le rugby dans la région connut un essor au début des années 60, c'est en toute logique qu'il signa dans le club angevin, qui s'appelait alors Angers Rugby. « Je jouais en réserve, histoire d'appréhender ce sport, car je ne venais pas d'une famille du Sud-Ouest traditionnellement rugbystique et où le sport n'était pas le principal sujet de discussion ».

C'est une autre famille, de cœur, qu'il a trouvée dans le rugby, car ce n'est qu'en 1974, et sur une blessure au dos qu'il a mis le rugby entre parenthèses. Puis quelque peu perdu de vue, quant au gré de son parcours professionnel, un changement de lieu de résidence l'éloigna de son équipe fétiche. Pas pour longtemps, car de retour dans sa ville, en 1989, il revint à l'Angers SCO pour prendre l'école de rugby en main… avec passion, car il y officie donc encore aujourd'hui.

« Les enfants l'adorent et il ne veut s'occuper que des enfants », explique Gilles Martin, « il est exigeant bien sur, comme tous les passionnés, mais il est le premier à être aux petits soins avec eux. A les couvrir s'il fait froid ou s'il pleut. A soigner les petits bobos ». Et en effet, les minots l'apprécient, à la manière dont ils lui parlent, lui demandent des conseils, le regardent… « Gentil », « Cool », « C'est le coach » reviennent le plus souvent, même si « moustachu » reste l'une des têtes d'affiche des réactions.

C'est bien là que Jean-Pierre trouve le bonheur. « Le fait d'y aller, de m'occuper des gamins, les voir s'épanouir, prendre du plaisir, c'est un vrai régal. On joue alors les papas poule, on essaie de leur faire comprendre les contacts, que si un enfant leur est rentré dedans, ce n'est pas pour lui faire du mal, mais que cela fait partie du jeu. C'est compliqué, mais plaisant. Après, quand ils grandissent, ils prennent véritablement conscience de ce sport, et ça coule de source ».


Sa préoccupation : les autres

Ici, le rôle d'éducateur, prend tout son sens. Il accompagne, il observe : « c'est un peu tout en somme. On essaie de leur expliquer le jeu et son esprit, on fait en sorte que les enfants se comprennent, s'apprécient, ce n'est pas toujours évident, mais lorsqu'on y parvient, qu'est-ce que c'est bon ! » Mais où Jean-Pierre veut véritablement mettre l'accent, c'est le respect : « C'est essentiel, par rapport à l'autre, aux adversaires, aux partenaires, aux dirigeants, aux éducateurs, aux parents… mais c'est une valeur qui n'est pas réservée au rugby, elle leur sera utile toute leur vie, et surtout en dehors du rugby ».

C'est donc sur un homme passionné, droit dans ses crampons et attaché aux valeurs fortes du rugby sur lequel l'Angers SCO peut compter, même si le Président voudrait un peu plus : « Jean-Pierre est un peu « ours » et n'aime pas se mettre en avant. Si on vient lui demander un conseil, il donne son avis, mais ne s'impose pas, même lorsqu'il vient voir l'équipe première jouer le dimanche, il ne critique jamais… personnellement, j'aimerais qu'il s'impose plus. Sa seule préoccupation : c'est les autres ».

Les autres et le rugby donc, pour ce doyen qui chausse encore les crampons. « Je m'entraine régulièrement et je joue 5 minutes lors des matchs, cela suffit à mon bonheur. Mais depuis octobre c'est compliqué, j'ai une petite blessure, une fracture de la cheville, et j'ai du mettre le rugby entre parenthèses, le jeu en tout cas, pas l'entrainement des petiots. Mais je vais reprendre ! »

C'est ce que tout le monde souhaite à cet homme dont la simplicité, la gentillesse, la disponibilité, font le bonheur de tout un club, des enfants aux dirigeants. « On aimerait n'avoir que des bénévoles comme lui… » avoue le Président angevin « On s'appuie beaucoup sur lui, et même si on ne lui demande pas, il est le premier à donner un coup de main, et sans faire de bruit ». Discrètement, Jean-Pierre Trémeau poursuit dans sa voie, où, en revanche, il crie bien fort, que le rugby doit rester un jeu.

L'éducateur moustachu est à l'image de tous ceux que connait notre sport : passionné, investi, amoureux du jeu. Il est de ceux qui font battre le coeur du rugby. D'innombrables « Jean-Pierre », hommes ou femmes, font le bonheur des clubs de l'hexagone, du nord au sud, de l'ouest à l'est. Tous participent au maintien des valeurs de ce sport et à l'éducation de la future garde de l'ovalie. Mais à 72 ans, Trémeau est un cas à part. Tous espèrent qu'il poursuivra son combat encore longtemps, et qu'il reprenne le chemin des terrains rapidement.

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