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Arbitrage : échanger pour uniformiser

Arbitrage : échanger pour uniformiser

Publié le 28/09/2010

Que vous inspire ces échanges d'arbitres ?

Romain Poite : Je pense que c'est une très bonne chose pour tous les acteurs, que ce soit les arbitres, les joueurs ou les entraîneurs. Cela nous permet de rencontrer des rugbys différents et de s'y adapter, surtout une journée avant de passer sur les compétitions européennes. Même si nous étudions les choses par vidéo, avoir une sensation plus proche du terrain est très bénéfique.

Jérôme Garces : C'est un très bon concept. Pour nous arbitres français de pouvoir arbitrer des équipes étrangères, et pour les équipes françaises d'être arbitrées par des arbitres étrangers… d'autant que cela arrive juste avant la Coupe d'Europe, ce qui va permettre à tout le monde de pouvoir s'adapter.

Comment vous préparez-vous à arbitrer des formations étrangères ?

Romain Poite : Par respect pour notre championnat, je me prépare de la même façon que pour un match de TOP 14 Orange, très sérieusement. Comme je le disais, nous étudions l'arbitrage britannique à la vidéo, et nous essayons d'appréhender les choses pour nous adapter, d'avoir une cohérence au niveau européen. C'est compliqué car on parle souvent de l'opposition entre la culture latine face à la culture britannique… et c'est vrai, car nous n'avons pas la même approche des choses.

Jérôme Garces : Comme pour un match de TOP 14. Notre championnat est d'un très bon niveau, et être préparé pour ses rencontres, nous permet de l'être pour les autres. Ca laisse penser à une rencontre de Coupe d'Europe, car ce sont deux formations étrangères, et qu'il y a la barrière de la langue. Le stress et la pression sont là, car nous avons l'obligation de rendre une bonne copie, mais cela reste des équipes que nous avons l'habitude d'arbitrer.

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Romain Poite sera en Angleterre pour diriger Saracens - Leicester

Il y a cette saison de nouvelles directives de l'IRB. Comment abordez-vous ces directives en vue de ces rencontres ?

Romain Poite : Ces directives nous été données fin mars 2010, applicables dès les Tournées d'été au niveau international, et lors des matchs amicaux de juillet pur les clubs français. Tout le monde s'adapte, mais cela ne se fait pas en un week-end, ça demande du temps. Ce qui est sûr, c'est que les Anglais sont plus réactifs. Ils ont très rapidement assimilé les choses, alors que nous sommes encore dans une phase de travail. Mais cette initiative de rapprochement, française je le rappelle, car c'est Didier Mené qui en est à l'origine, ne peut être que bénéfique.

Jérôme Garces : J'ai essayé d'anticiper les choses, pour voir si la façon d'arbitrer reste sensiblement la même qu'ici. Tout est fait pour rendre l'ensemble cohérent, avec des concertations entre les différentes Fédérations, Joel Jutge était d'ailleurs à Londres vendredi dernier pour que tout le monde harmonise les choses. C'est important de partir dans ces pays en sachant comment procéder, car sur certaines phases de jeu, cela peut poser des problèmes. Je pense aux commandements en mêlée, ou pour moi particulièrement ce week-end, sur le jeu au sol, car j'arbitre le choc irlandais et nous connaissons les Irlandais sur les phases de rucks notamment.

Quel est l'accueil des clubs ?

Romain Poite : C'est très différent de ce qui se fait en France. Ici, il y a un code de bonne conduite qui impose une rencontre entre les dirigeants et les arbitres. Là-bas, nous rencontrons le préposé à l'arbitrage, qui nous met au courant de tout et l'on se prépare au match. C'est beaucoup moins protocolaire qu'en France, et tout se fait naturellement. C'est forcément compliqué au départ car personne ne connait personne, mais à la longue, les échanges sont plus simples et cela coule de source.

Jérôme Garces : C'est très différent de la France, beaucoup moins protocolaire. C'est l'arbitre de touche qui vient me chercher à l'aéroport, on arrive au stade 1h30 avant le coup d'envoi, il y a une petite collation d'après match… en France c'est beaucoup plus long, beaucoup plus encadré.

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Jérôme Garces arbitrera lui le choc irlandais entre le Leinster et le Munster

Des joueurs ?

Romain Poite : Pour faire un parallèle à ce que je disais par rapport à la culture latine qui s'oppose à la Britannique, c'est la même chose pour les joueurs, qui, à mon sens, on une approche beaucoup plus positive. Lorsque l'on arbitre en France, nous savons que les joueurs voudront contourner les règles pour avancer, il y a toujours une suspicion de tricherie, que nous n'avons pas là bas, nous sommes beaucoup plus libérés.

Jérôme Garces : Au niveau du jeu, il n'y a pas trop de différences. Au niveau des comportements, les Britanniques sont considérés beaucoup plus respectueux que nous, et en un sens cela peut être vrai, mais personnellement, je trouve que tout se passe plutôt bien dans le championnat de France à ce niveau.

Des supporters ?

Romain Poite : Lorsque l'on sort des vestiaires, nous sommes directement confrontés aux supporters car il y a beaucoup de proximité entre tous les acteurs des rencontres là-bas, et c'est un réel plaisir. Pour eux, l'arbitre fait partie intégrante du jeu, ils acceptent les erreurs d'arbitrage, et ne nous voient pas, alors que c'est le cas en France, comme l'empêcheur de tourner en rond. Ici, les supporters tombent tout de suite dans l'adversité lorsque l'on parle d'arbitrage, là-bas, les reproches existent, mais on peut discuter. J'ai un souvenir marquant de la saison dernière avec Philippe Saint-André après la demi-finale face à Clermont, où il avait été question d'un problème d'arbitrage. Ayant été Manager outre-Manche, il a été marqué positivement par la culture et a eu une réaction typique des Anglais. Il a affirmé que durant 50 minutes Toulon n'avait pas mis les ingrédients pour l'emporter, et regrettait qu'il n'y ait pas eu recours à la vidéo sur la pénalité de Morgan Parra. C'est à l'image de ce qui se fait en Angleterre notamment, les gens ont d'abord une analyse personnelle, voire une remise en question, avant d'éventuellement parler d'arbitrage. Ils ont ainsi des critiques pertinentes à apporter, sans toujours tout mettre sur le dos des arbitres.

Jérôme Garces : Là oui il y a une grosse différence. Nous sentons que nous faisons partie intégrante du jeu, comme les joueurs, et sans cette image négative que l'on peut avoir en France. Dans certains stades anglais, pour se rendre sur le terrain ou en sortir, il faut traverser le public, et cela se fait toujours avec beaucoup de respect, et de toutes les parties… c'est très appréciable.

Vous arbitrez un choc ce week-end, c'est valorisant non ?

Romain Poite : Bien sûr, mais dans le cadre de ces échanges, il était entendu que les arbitres aient des chocs à diriger. C'est forcément quelque chose d'honorifique, mais il faut être clair, ce n'est pas Romain Poite qui arbitre un gros match parce qu'il est bon, c'est l'arbitrage français qui bénéficie d'un choc.

Jérôme Garces : Effectivement, ça me fait très plaisir. C'est le gros choc irlandais entre les deux meilleures Provinces, donc c'est très valorisant. Mais ce qui fait plaisir, c'est que tout cela se passe avant le Coupe d'Europe, et que cela permet de se préparer au mieux au Tournoi continental.

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