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Arbitres : les avis de…Brice Dulin, Julien Malzieu et Thierry Peuchlestrade

Publié le 26/10/2012


Brice DULIN (Castres) :


« L'arbitre est un élément très important du jeu. C'est bien simple, s'il n'est pas là, personne ne peut prendre de décision et il n'y a pas de jeu. Pour moi, il n'est ni un chef d'orchestre, ni un gendarme, il est un arbitre. C'est un métier, une fonction qui est unique. Chaque arbitre aussi est unique, avec ses singularités. Certains ont dû arrêter le rugby en raison d'une blessure, d'autres parce qu'ils n'avaient pas le niveau pour avoir une carrière. Leur personnalité aussi est différente et en tant que joueur il faut savoir en tenir compte. Ce n'est pas propre aux arbitres français. En HCup et en matchs internationaux, on se rend compte aussi qu'aucun n'est pareil. Que leur arbitrage n'est pas uniforme.

Personnellement ma carrière s'est enchaînée comme joueur et la question d'arbitrer ne s'est jamais posée. C'est une fonction difficile mais les arbitres que je croise ont l'air heureux donc c'est bien. Chez les jeunes il m'est arrivé d'arbitrer des matchs. C'est un peu plus facile car il n'y a pas de mêlée mais on se rend compte que la décision doit se prendre très vite, et qu'on est pas à l'abri d'erreurs. J'ai un caractère un peu grognon alors je dois faire attention, mais c'est toujours intéressant de discuter avec eux, d'avoir une explication sur une faute.
Certains peuvent paraître arrogants mais ils sont tellement critiqués…il est indispensable de pouvoir continuer à discuter avec eux, cela fait la richesse de notre sport. De toute manière, que l'on soit d'accord ou pas l'arbitre a pris sa décision et il ne reviendra pas dessus. Donc ça ne sert à rien de discuter…

Il faut noter aussi que les arbitres en rugby sont peu nombreux. Il n'y en a pas assez. C'est comme les joueurs : plus vous êtes en concurrence, plus vous travaillez pour progresser. Plus il y aura d'arbitres, meilleur sera l'arbitrage aussi j'invite vraiment un jeune qui veut le devenir à s'y plonger si cela lui plaît. »



Julien MALZIEU (Clermont) :


« L'arbitre c'est celui qui est tout seul au milieu de 30 bonshommes, et qui doit faire tout son possible pour que le jeu soit le meilleur possible et qu'il y ait le moins d'accrochages possibles. Je n'aimerais vraiment pas me retrouver à sa place : ça râle de partout, les mecs sont jamais contents, franchement c'est pas facile !

A titre personnel, je n'aurai jamais imaginé être arbitre car j'aime le contact avec le ballon. C'est le seul gars au rugby qui ne touche jamais le ballon quand même ! Je les respecte, je les considère comme indispensables mais ça ne me fait pas du tout envie comme fonction.

L'arbitre il est comme nous, les joueurs. Il veut que les gens prennent du plaisir, et il lui arrive de faire des erreurs, c'est humain. Ca ne sert à rien de discuter et c'est même dangereux. Sur le moment, on pourrait avoir envie d'aller le voir, de râler mais derrière si on prend 10 mètres ou un carton jaune, on passe vraiment pour un imbécile aux yeux des coéquipiers et de l'entraîneur. _ La peur de cette sanction est indispensable et garantie le respect que l'on doit avoir envers eux. Le capitaine est aussi là pour servir de tampon entre un arbitre et ses joueurs, surtout les joueurs dont on sait qu'ils sont sanguins. A Clermont, Aurélien Rougerie rempli parfaitement ce rôle. De toute manière, les arbitres nous connaissent. Aujourd'hui, ils étudient les équipes à la vidéo. Avant les matchs, ils viennent dans les vestiaires et ils peuvent prendre à part deux ou trois joueurs et leur dire qu'ils seront intransigeants sur des faits de jeu qu'ils ont remarqué. C'est une preuve de leur professionnalisme et aussi de leur intérêt envers le jeu. Ce sont des passionnés de rugby. Il est toujours agréable de pouvoir aller discuter avec eux. Ils donnent de précieuses indications.

De notre côté, nous les connaissons. Aussi bien au niveau français qu'au niveau international. On sait si tel ou tel arbitre est plus regardant dans tel ou tel secteur de jeu. En équipe de France, Joël Jutge venait nous voir pour nous parler des règles et des arbitres que nous aurions sur le terrain. Ce sont des rappels toujours intéressants, notamment dans le secteur de la mêlée.

Plus jeune il m'est arrivé d'arbitrer dans un tournoi mais les joueurs savaient que je n'étais pas arbitre alors certains d'entre eux essayaient de discuter, de me faire revenir sur ma décision. Finalement, je préfère être joueur. »



Thierry PEUCHLESTRADE (Aurillac) :


« Si j'aurais aimé être arbitre ? Ah non, c'est pas mon trip du tout ! J'ai adoré être joueur, je suis passionné par mon rôle d'arbitre mais arbitre, ah non ! Quel boulot ingrat !

C'est comme policier ou gendarme, il en faut, mais personnellement ce n'est vraiment pas mon caractère. Par contre, ils sont indispensables, ça c'est indéniable. Vous imaginez un match de rugby sans arbitre le foutoir que ce serait ? Il nous arrive à l'entraînement de faire des matchs en demandant aux joueurs d'arbitrer et on se rend compte que cela génère des tensions entre les joueurs, qu'il y a nécessité d'avoir un élément extérieur capable de réglementer.

Je trouve que les arbitres ont fait d'énormes progrès et qu'on leur jette facilement la pierre. Nous, entraîneurs les premiers d'ailleurs puisque nous sommes presque plus souvent convoqués que les joueurs ! Le rugby est devenu extrêmement complexe pour les joueurs, les spectateurs, les entraîneurs et donc aussi les arbitres même si les nouvelles règles leur facilite le travail. On s'aperçoit aussi que la vidéo leur donne très souvent raison. Une autre évolution concerne le rôle des arbitres de touche, même si certains en font trop ou pas assez. Comme les joueurs ou les entraîneurs de toute façon…

A Aurillac on ne s'arrête pas trop sur l'arbitre du week-end. Je sais que d'autres équipes les étudient plus précisément mais nous on va donner des indications si on les connaît, ça va s'arrêter là. L'intelligence c'est l'adaptation… On sait que sur les mêlées l'arbitre va avoir énormément de mal à remplir sa mission. Certains vont laisser jouer s'ils voient que le ballon est jouable, d'autres vont siffler une faute qui n'empêcherait pas la continuité du jeu. C'est cela qui peut influer sur le jeu, mais c'est de l'ordre du rapport intime avec le jeu que d'une volonté de nuire. J'aimerais cependant que par moment les arbitres laissent plus jouer ; qu'ils soient moins stricts avec la règle.

En tant qu'entraîneur j'ai déjà enguirlandé un joueur qui prenait un carton jaune pour avoir râlé ou discuté auprès de l'arbitre. Ca c'est vraiment désagréable ! Ca pénalise vraiment votre équipe lorsque le gars prend 10 minutes pour ce type de mouvement d'humeur. Seul le capitaine a le droit de parler à M. l'arbitre. Point. »

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