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A Caen, les Ambassadeurs ont fait fondre la neige

Publié le 12/02/2010


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« Vous étiez attendus depuis trois jours. Tous les matins, les enfants nous disaient : « Ils arrivent quand les rugbymen ? ». Geneviève et Véronique veillent sur leurs protégés comme les deux éducatrices qu'elles sont. Dans leur lit, Quentin, Léo, leurs copains et copines se remettent d'une opération de l'appendicite, d'une intervention chirurgicale de la hanche ou d'allongement des tibias et péronés. Il y a des « minots », comme dit Christian Cauvy avec son accent parfumé au muguet, et des ados dont les sourires font fondre David Attoub ou Patrick Tabacco qui perdent centimètres et kilos de muscles devant ces jeunes ébahis. Et parce que le ballon ovale est surprenant, les Ambassadeurs jouent même les Père Noël en plein mois de février ; mais à Caen la neige donnait l'illusion d'être préfecture alpine. Caen 1400, comme un pied de nez au numéro de département…


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Les Ambassadeurs 2010 à Caen pour la première étape. (Photo : LNR.FR)

« On a déjà eu la visite de « 1 maillot pour la vie » (association de sportifs intervenant auprès d'enfants hospitalisés, NDLR), de joueurs de foot du stade Malherbe, des basketteuses et rugbywomen, mais des rugbymen internationaux c'est une première. » Pour les deux éducatrices aux badges pyrogravés de leurs prénoms, de telles opérations sont importantes : « Ca montre que l'extérieur vient à l'hôpital et cela permet aux enfants de les sortir quelques heures de leur maladie, du train-train de l'hôpital. » A travers les carreaux, le soleil se pose sur les têtes des enfants allongés. La température est élevée et l'accueil chaleureux a fait grimper le mercure. Les parents sourient, les Ambassadeurs échangent des paroles, offrent des cadeaux, prennent la pose avec les patients et le personnel d'un hôpital flambant neuf où il faut trouver sa place dans des locaux parfois exigus. « Nous avons un jongleur qui vient une fois par semaine et fait des spectacles de cirque, on organise des concerts et une musicienne vient régulièrement, expliquent les éducatrices. C'est important, cela favorise la guérison. On a remarqué que faire venir des basketteuses dans un service d'anorexiques avaient un impact important auprès des jeunes filles. Certaines peuvent voir qu'on peut sculpter son corps autrement que par les privations extrêmes… »

Le départ est émouvant, on lance des invitations à se retrouver dans un stade. Les enfants sont fatigués mais heureux. « C'était vachement sympa d'être venus », conclu Quentin intimidé. Côté Ambassadeurs l'émotion et la pudeur pour seuls discours, il est tant d'aller à la rencontre d'autres jeunes, à l'école de commerce et de management. Accueil sous les vivas de la foule et les questions s'enchaînent : « Comment arrivez-vous à concilier études et sports professionnel ? » « Est-ce que c'est facile d'avoir une vie privée lorsqu'on joue tous les week-ends ? » « Quand vous êtes-vous intéressé à la reconversion ? ». Les Ambassadeurs répondent avec franchise et font partager leurs expériences. « Quand j'étais minot, lâche Christian Cauvy représentant de TECH XV, j'ai fait pas mal de bêtises. Je me foutais un peu de tout et j'ai bien galéré. Aujourd'hui, aux jeunes du centre de formation du RC Toulon, cela me permet de les mettre en garde, de les encourager à ne pas suivre mon exemple et de se construire en tant qu'hommes avant de se construire comme rugbymen… »

Jean-Philippe Grandclaude, conseiller fiscal à la Société Générale depuis 5 mois, rend hommage à la banque qui l'a aidé : « Je suis embauché à 20% donc je vais à l'agence de Perpignan lors de mes jours de repos. Il a fallu une année pour monter ce projet de réinsertion avec cette entreprise. J'ai encore quelques années de rugby devant moi mais c'est important de songer déjà à l'après. On va passer d'une vie rythmée par les entraînements et les matchs du week-end à une vie de 8 heures par jour du lundi au vendredi. On va passer d'un milieu où on est médiatisé, à un anonymat. En plus, travailler à côté, même que 20% de mon temps, ça me permet de penser à autre chose, de rencontrer d'autres personnes avec des passions différentes. » Patrick Tabacco, au chômage mais aussi chef d'entreprise, explique aux étudiants : « j'ai appris à m'occuper totalement de mon projet alors qu'avant j'étais largement assisté. Là je fais tout de A à Z… » L'assistance est émue lorsque Frédéric Cermeno explique qu'il n'est parfois pas évident d'être un jeune père de famille : « J'ai une petite fille de 2 ans et demi et c'est un peu difficile lorsqu'on vous dit au téléphone : « ta fille marche » ou « ta fille a prononcé ses premiers mots ». Vous êtes en déplacement, vous n'assistez pas à cela. Mais ça fait partie des contraintes de notre métier. »

A la fin de l'intervention, un petit quizz sur les gestes de l'arbitre offre une nouvelle fois à l'arbitre Patrick Péchambert -qui connaît très bien le club house du stade de rugby de Caen- l'occasion de se mettre en valeur après avoir déjà répondu à un flot de questions techniques. Il se lève, mime des gestes que l'assistance doit deviner. L'intervention est devenue participative mais il faut siffler la fin d'une récréation qui aura permis aux jeunes étudiants de partager le ballon des expériences avec des joueurs ravis et prêts à repartir…A l'hôpital de Caen, Quentin, Léo, Geneviève et Véronique sont retournés à leurs tâches. Avec un mini-ballon entre les mains…

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