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Dossier LNR.FR (1/4) - Directives IRB : le plaqueur / plaqué

Dossier LNR.FR (1/4) - Directives IRB : le plaqueur / plaqué

Publié le 16/09/2010

« Nous sommes revenus à la règle, en faisant une différenciation claire entre le plaqueur et le participant au plaquage », explique l'arbitre international Christophe Berdos. « La règle dit que si un joueur participe au plaquage, il doit lâcher le plaqueur avant de pouvoir contester la balle, et cela, nous l'avions un peu occulté. Il y avait souvent pénalité contre l'équipe qui attaque, et nous n'étions pas dans la règle. Là c'est le cas, et sans forcément favoriser l'équipe qui a le ballon, cela participe à prolonger le jeu ».

En effet, depuis le coup d'envoi de la saison, le TOP 14 Orange et la PRO D2 ont du adapter leur jeu à une modification de règle essentielle de ce sport, concernant le plaqueur / plaqué. Jusqu'à l'an dernier, le plaqueur pouvait, après s'être relevé, disputer la balle au plaqué sans avoir l'avoir lâché. Désormais, il devra effectuer un mouvement clair en lâchant l'attaquant avant de jouer le ballon. Une nouvelle appréciation qui peut poser problème comme le souligne Pierre-Philippe Lafond, pilier de l'Aviron Bayonnais : « C'est une nouvelle règle, et nous pouvons donc avoir de mauvais réflexes. Il faut faire très attention, car cela peut aller très vite et la sanction tomber rapidement ».

Et au regard du début de saison, il est clair que l'adaptation ne s'est pas faite immédiatement, de nombreuses pénalités ayant été sifflées sur tous les terrains de l'hexagone. Une situation logique selon Joël Dumé, Directeur technique national de l'arbitrage : « C'est compliqué, et il faut que les arbitres soient très précis, qu'ils aient une bonne photographie de la phase de jeu et qu'ils soient toujours bien placés. Il y a eu un effet de surprise en début de saison, et c'est normal, car cela va tellement vite mais les joueurs se sont rapidement adaptés »…

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Désormais, se remettre sur ses appuis après le plaquage ne suffira pas pour pouvoir disputer la balle

« Une application uniforme… »

… mais positive pour Laurent Lubrano, membre du Comité directeur de la Ligue nationale de rugby et représentant de la LNR à la Commission centrale de l'arbitrage : « Cela va vers une clarification de l'arbitrage, et permet de donner un côté plus spectaculaire au jeu sans nuire à ses fondements. On peut toujours défendre, contester, introduire du combat, mais sans polluer la phase de jeu ».

Cette directive n'a pas été appliquée du jour au lendemain, les différents acteurs du rugby tricolores s'étant rencontrés pour s'expliquer et se préparer à cela. « A Bayonne, Monsieur Garcès est venu nous expliquer la règle, nous l'a montrée en vidéo, avant de l'appliquer sur le terrain d'entraînement » raconte Pierre-Philippe Lafond. « Il y a forcément un temps d'adaptation, mais nous l'avons travaillée, et je crois que ce cela ne passera que par là. C'est dans la répétition des matchs que les joueurs appréhenderont la règle, et ainsi, sauront quand ils peuvent ou non disputer la balle ».

Laurent Lubrano renchérit : « Pour les arbitres, il y a un véritable travail de fond. Il y a eu un stage à Tignes, il y a des interventions régulières par Joël Jutge et Joël Dumé, des exercices pratiques, de la surveillance… ce n'est pas seulement une directive, mais une application uniforme ». Et la saison avançant, les difficultés naissantes ont peu à peu fait place à plus de compréhension et de respect : « Les comportements changent. Il y a eu beaucoup de pénalités en début de saison, mais cela a tendance à diminuer. Soit les joueurs ne contestent plus la balle, soit ils font bien le mouvement d'écarter les bras avant de la contester », remarque Christophe Berdos.

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Le plaqueur devra clairement lacher le plaqué avant de pouvoir lui contester la balle

« Une règle bien faite »

Les joueurs eux même semblent avoir trouvé leurs marques, à l'image de Jonathan Wisniewski, le demi d'ouverture du Racing-Métro 92 : « J'étais un peu triste car nous avons la culture de gratter rapidement les ballons. Mais au regard de l'application, j'ai changé d'avis et je trouve que c'est vraiment une bonne chose. Cela favorise l'équipe qui a le ballon, et cela lui permet de pouvoir donner du rythme et de faire vivre le jeu. Tout est fait pour le jeu et l'attaque ». Une idée soutenue par Laurent Lubrano : « Souvent lorsque que l'on légifère pour tendre vers plus de spectacle, on attaque les fondements de ce sport et on s'éloigne de sa culture, là ce n'est pas le cas ».

Le monde du rugby semble donc conquis par cette nouvelle directive. Cependant, et comme pour toute nouveauté, certains peuvent émettre un petit bémol, comme Franck Azéma, l'entraîneur adjoint de Clermont : « Cela a été fait pour rééquilibrer le rapport entre le défenseur et l'attaquant, mais on se rend compte que les défenses se sont parfaitement adaptées. Aujourd'hui on se trouve un peu dans le jeu à 13, avec un rideau défensif très dense, avec très peu de joueurs consommés dans les rucks, et face auquel il est très compliqué d'enchainer le jeu ».

Mais comme toute innovation, il y a des côtés positifs, et des côtés négatifs, et ce n'est qu'à force de pratique que chacun prendra le pli. Aussi, tout le monde a hâte de voir dans le temps l'apport de cette nouvelle application, comme l'annonce le coach des champions de France en titre : « Nous attendons avec hâte le retour des arbitres, et également la manière dont cela va être arbitré au niveau européen ». Mais dans l'ensemble, l'état d'esprit est plus que positif comme l'affirme Jonathan Wisniewski : « tout le monde était un peu inquiet, tous se sont adaptés, et cela rend une règle bien faite ».

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