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Dr Jean-Claude Peyrin : « prévenir les commotions cérébrales pour mieux les prendre en charge »

Dr Jean-Claude Peyrin : « prévenir les commotions cérébrales pour mieux les prendre en charge »

Publié le 09/12/2011

- Qu'est-ce qu'une commotion cérébrale ?

La définition médicale indique qu' « Une commotion cérébrale est un trouble soudain et rapidement résolutif du fonctionnement du cerveau, secondaire à un traumatisme crânien ou à tout impact à un autre endroit du corps transmettant à l'encéphale des contraintes d'inertie importantes ». Cela signifie qu'une commotion cérébrale ne résulte pas forcément d'un choc à la tête. Elle peut, par exemple, survenir après un traumatisme thoracique par transmission de l'onde de choc.





- Comment savoir si un joueur est sujet à une « commotion cérébrale » ?

Une commotion cérébrale n'entraîne pas obligatoirement de perte de connaissance. Le diagnostic d'une commotion est porté sur la constatation des symptômes suivants, chacun ayant la même valeur et pouvant survenir isolément ou en association :

- Perte de connaissance

- Amnésie rétrograde (perte de souvenir des faits précédant immédiatement le traumatisme)

- Amnésie antérograde (amnésie post-traumatique des faits suivants immédiatement le traumatisme)

- Obnubilation

- Crise d'épilepsie

- Troubles de l'équilibre








- Quelle attitude, sur le terrain, devra adopter le médecin face à une commotion cérébrale ?

Toute suspicion de commotion cérébrale impose de sortir immédiatement et définitivement le joueur pour le match en cours. La recherche d'un traumatisme du rachis cervical, associé, est systématique. Au moindre doute, le joueur doit être transféré vers une structure hospitalière pour avis spécialisé.





- L'intérêt lié à cette pathologie dans le rugby semble récente…

En ce qui me concerne, elle a plus de 20 ans. En 1988, j'avais réalisé une cassette vidéo destinée aux éducateurs pour les sensibiliser aux troubles de la vigilance. En 2005, le sujet a été évoqué avec l'ensemble des médecins des clubs professionnels. Idem en 2009 au congrès de la FFR de Toulouse. Et le diplôme universitaire de pathologie du rugby consacre 4 heures à l'étude des traumatismes crâniens et commotions cérébrales. En 2008, une conférence internationale à Zürich réunissant des spécialistes mondiaux, a permis de faire le point très exactement sur cette pathologie et ses conséquences.





- Comment les clubs professionnels vont-ils être sensibilisés aux commotions cérébrales ?

Lors de la dernière journée plénière de formation en juin 2011, nous avons formé les médecins au diagnostic de la commotion cérébrale, à l'évaluation des différents stades et sur la conduite à tenir.
Pour les aider dans la prise en charge thérapeutique et à l'évaluation du retour au jeu, nous avons mis en place pour chaque club un neurologue référent. Ceux-ci ont participé le 26 novembre à une journée de sensibilisation.







- Le rugby traîne une image de « sport violent ». Ce travail sur les commotions cérébrales ne va-t-il pas accréditer cette thèse ?

Le rugby n'est pas un sport violent. Mon expérience de médecin spécialisé en traumatologie, dans les Alpes, me montre qu'il y a plus de commotions cérébrales chaque week-end dans les stations de skis que sur les terrains de rugby, amateurs ou professionnels. Y avait-il moins de commotions cérébrales avant ? Personne ne peut le dire puisque les études n'existaient pas ! Ce qui est certain c'est qu'aujourd'hui nous nous donnons les moyens d'insister sur la prévention en offrant aux médecins des outils quantitatifs de mesure des commotions cérébrales afin de permettre une prise en charge adaptée. La commotion cérébrale n'est pas une pathologie grave si la prise en charge est correcte, et surtout si elle ne se répète pas dans un court délai. Le rugby est une nouvelle fois novateur en France. Et cela toujours dans le but de protéger au maximum les principaux acteurs : les joueurs.





- Est-ce qu'une commotion cérébrale entraîne un arrêt systématique de 3 semaines ?

Non. A 48 heures de la commotion cérébrale, le bilan fait le neurologue référent va classer la commotion subie par le joueur en 3 stades dits de Cantu. En fonction de ce stade, le retour au jeu pourra s'effectuer au bout d'une semaine, 2 semaines, 3 voire plus après avoir respecté le protocole par paliers, parfaitement établi par l'IRB :

- Palier 1 : repos physique et intellectuel complet

- Palier 2 : travail aérobie doux (vélo, piscine, marche)

- Palier 3 : entraînement physique normal

- Palier 4 : entraînement sans contact suivi d'une nouvelle consultation du neurologue référent qui autorisera le retour au jeu

- Palier 5 : entraînement avec contact

- Palier 6 : retour à la compétition.

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