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Le rugby moderne garde un crampon dans le passé

Le rugby moderne garde un crampon dans le passé

Publié le 28/11/2010

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A bientôt 40 ans, Denis Avril sent la génération suivante pousser derrière lui...

Fini le temps où l'on allait au boulot le matin et on s'entraînait l'après-midi. Depuis une dizaine d'année, la passion du rugby est une pratique à temps plein. « C'est devenu un emploi », explique Denis Avril (38 ans), pilier de Bayonne, qui, il y a 15 ans encore, travaillait pour la mairie de sa ville et, depuis, mis en disponibilité pour poursuivre sa carrière professionnelle. L'évolution du jeu, et l'augmentation des enjeux ont généré de nouvelles habitudes dans la vie quotidienne des joueurs : « On ne rigole plus », poursuit le pilier basque expliquant qu'il a du « s'auto-discipliner pour durer à un tel niveau ».

Représentant de la jeune génération, Rémi Lamerat , 20 ans et trois-quart centre du Stade Toulousain ajoute que, dès son plus jeune âge, il a du faire de nombreux sacrifices pour émerger dans le haut-niveau : « sur les extras-sportifs, l'hygiène de vie mais surtout la discipline ». Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir un même joueur traîner sur les lieux d'entraînement tout au long de la journée. Sans compter que pour ces nouveaux sportifs les jours d'inactivité se font de plus en plus rares. Les semaines sont programmées selon les matchs, le planning hebdomadaire étant aussi dense qu'une séance de musculation : « Les deux premiers jours de la semaine, on revient sur le match précédent pour travailler les points forts et faibles, explique le troisième ligne montois Julien Tastet (23 ans) évoluant en PRO D2. Le lundi est axé sur une musculation réparatrice. Le mardi correspond à un travail plus foncier. Les deux derniers jours sont dédiés au match à venir, avec l'accent mis sur l'analyse vidéo et la musculation explosive pour être prêt le jour J. »

La rigueur et le souci du détail sont les maitre-mots de ce rugby dit « moderne ». Il ne s'agit plus d'être seulement talentueux pour se démarquer des autres. L'esprit de camaraderie a laissé plus de place à l'exigence et à la performance.
En devenant un sport plus exigeant, le rugby a nécessité un encadrement plus conséquent : « Avant il n'y avait pas tout ce suivi médical par exemple », explique Denis Avril. « Aujourd'hui, on a un spécialiste dans chaque domaine ajoute Tastet. On ne néglige pas la tactique au profit de la technique. Le travail se fait plus minutieux avec l'apparition des analystes vidéo. Je me rends compte qu'on met l'accent sur la puissance et l'explosivité, car pour percer il faut les deux. On évolue avec un aspect rugbystique précis qui est de faire mal et contrer la défense adverse ». Rémi Lamerat , lui, considère que « la dimension d'une équipe se mesure à son potentiel physique ».

Pour ce dernier, la modernisation du rugby est également « liée à sa diffusion ». Les droits de télévision sont devenus beaucoup plus important, et offre la possibilité à chaque fervent supporter de regarder tous les matchs de RUGBY TOP 14 Orange dans son canapé. Cela a donc été un autre facteur « déterminant dans l'image du rugby » en élargissant ses horizons et son public. On peut, désormais, « vivre de son sport », déclare Denis Avril. « Mais si les clubs de TOP 14 Orange et de PRO D2 doivent être à la hauteur de ce qu'on attend d'eux en retour, il en est de même pour les joueurs qui évoluent au sein de ces clubs », précise t-il. De cette double exigence de droits et devoirs partagés est née une pression moins prégnante jusqu'à présent. Denis Avril affirme même qu'une « partie des résultats de la saison se joue déjà dans les recrutements ».

Autre phénomène récent dans le rugby : l'émergence des centres de formations. Les centres de formations qui proposent très tôt la possibilité aux jeunes d'être considérés comme de futurs professionnels de part leur encadrement et les conditions de vie qui leur sont imposées. : « En quittant mon domicile à l'âge de 15 ans et en intégrant le centre de formation du Stade Toulousain, j'ai eu la chance de côtoyer les joueurs que j'admirais, que j'avais en poster dans ma chambre, raconte Rémi Lamerat. J'ai beaucoup appris ne serait-ce qu'en les observant. J'essayais de les imiter. Le centre de formation est un bon moyen de sensibiliser aux exigences du professionnalisme ». Le saut dans le grand bain, l'équipe première, se fait très rapidement pour cette nouvelle génération.

Le bientôt quadragénaire Denis Avril considère les centres de formation comme « une chance supplémentaire donnée aux jeunes, qui se retrouvent aussitôt confronter aux exigences professionnelles du rugby ». Malgré cela, certains arrivent à percer par eux-mêmes. Julien Tastet ne conçoit ainsi pas le centre de formation comme un passage obligé : « Il y aura toujours des mecs qui sortiront sur le tard, qui mettront plus de temps à se développer, qui traverseront quand même les mailles du filet. Mais ce sera de plus en plus rare car il y a un gros travail de détection qui est fait. »

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