Publié le 02/07/2012
Fabrice RENARD, co-fondateur de Logic-Design :
« Avant de commencer à dessiner les premiers croquis, nos graphistes sont allés dans des stades, des vestiaires, ont regardé des matchs et se sont imprégnés du milieu. Certains d'entre eux appréciaient ou jouaient au rugby, d'autres non, pas du tout. Ensuite, il faut répondre à plusieurs problématiques :
- Qu'est-ce que les gens veulent voir et ressentir de ce logo ?
- Qu'est-ce qui caractérise cette « marque » et comment va-t-elle être mise en valeur via ses supports : maillots, site internet, communiqués, dossiers, etc car, pour nous, les supports créent le logo.
- A qui s'adresse-t-on ?
- Quel objet va caractériser immédiatement ce logo ?
Dans le sport, il y a peu d'éléments singuliers pour qualifier le rugby. Le Brennus ? Il n'est pas forcément connu du grand public. Un joueur en action ? Oui, mais quelle action : placage, pénalité, mêlée,… ? Finalement, il est resté les caractéristiques du ballon ovale et des poteaux en forme de H. Vous voyez un ballon ovale, vous pensez rugby ; vous voyez des poteaux en forme de H vous pensez rugby. Après il y a d'autres codes comme une couleur, une phrase, un mot.
Pour les couleurs, nous étions limités car il ne fallait pas que leur association puisse faire penser à un club. Donc pas de rouge et noir, de ciel et blanc, de bleu et rose, de vert et blanc, de rouge et blanc, de sang et or, de bordeaux,… Le mot, il était simple : rugby qu'il fallait associer à la compétition TOP 14 ou PRO D2. Mais là se pose une autre problématique : comment distinguer ces deux compétitions l'une de l'autre ?
On en revient à la recherche de symboles. Pour le TOP 14 nous sommes alors partis sur le doré qui caractérise le bouclier de Brennus et pour la PRO D2 sur l'argent du bouclier de PRO D2. L'or c'est aussi pour les sportifs au top et l'argent pour ceux qui n'en sont pas loin. Or et noir, bleu et blanc, des couleurs qui s'assemblent naturellement et offrent un contraste.
Le bouclier étant, à l'origine, posé sur une planche sans plaque, la forme du carré s'est imposée. D'autant qu'elle fonctionne sur tous les supports et n'offre pas de contraintes de mise en page particulière.
Pour la typographie, on a choisi un typé compressé, « extended », qui s'impose. Qui fait massif, structuré, puissant, comme une mêlée. Le 14 tel qu'on l'a voulu peut aussi faire penser à un chiffre placé au dos d'un maillot. Il est anguleux pour donner l'impression d'ancrage dans son environnement, comme des crampons. C'est aussi un moyen de donner une force, une virilité à la typographie. Le T de « TOP » donne le sentiment d'être lié au O. Là aussi nous sommes dans une symbolique : le lien, le sport d'équipe.
Evidemment, nous sommes dans des symboles inconscients. Qui ne sont pas forcément vus immédiatement par les profanes mais notre métier est de travailler sur les signes et chaque signe a un sens. Les détails se cumulent et chacun voit autre chose que son voisin. Ainsi, il n'est pas dit que tout le monde a remarqué que le 4 illustre des poteaux de rugby, que la ligne horizontale figure la ligne d'en-but, et qu'avec les poteaux et la ligne d'en-but, on suggère ainsi les deux manières de marquer des points dans le rugby…
Pour le logo de PRO D2 on reste sur la même dynamique : le ballon en hauteur, la ligne horizontale, la typographie « cassée ».
Les logos doivent figurer quelque chose. Nous ne sommes pas dans une dimension artistique, mais dans une démarche commerciale. Certains vont aimer, d'autres non. Il est impossible de plaire à tout le monde mais déjà si les logos interpellent et accrochent, cela est une réussite. S'il n'y a pas de ressenti, il n'y a aucun intérêt à faire des images. Dans un logo on raconte une histoire, sans non plus figer le rêve et l'émotion.
Le rugby est un sport d'histoire, qui véhicule une image de « gentlemen », de respect, d'attitude noble, de droiture. Nous avons ainsi voulu créer des logos représentant une certaine « classe » et une « excellence ». Nous sommes très fiers d'être désormais associés à ce sport et à ses valeurs. »