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Père & Fils : Famille Skrela

Publié le 10/11/2010

Le père : Jean-Claude Skrela


On parle souvent de famille dans le rugby, est-ce une notion exacte ?


Ca dépend de ce que l'on met derrière le mot famille, mais je pense que cela existe toujours avec plus ou moins de réalité. Même si l'état d'esprit du jeu n'a pas changé, autour du jeu, cela a évolué. La famille rugby est très fonctionnelle, mais elle se dispute tout de même, comme dans toutes les familles qui fonctionnent bien. Cette notion existe toujours, mais il faut y être attentif.

Que représente la famille dans votre clan ?


C'est le lien du sang, donc cela est très fort, et ici, le mot famille prend tout son sens. Dans le respect des choses et du fonctionnement de chacun, nous y trouvons beaucoup de plaisir, d'affectif, de bien être…

Que représente le rugby dans votre famille ?


C'est toute ma vie, et je pense que ce ne sera pas la même chose pour David. Même s'il y trouve énormément de plaisir, après le rugby, je pense qu'il prendra une autre direction. Dans la famille Skrela, tout le monde vit et a vécu rugby, avec tout le respect que cela représente, les difficultés d'éloignement et d'absence que cela provoque, et le plaisir de vivre de sa passion. Le rugby est donc très important, mais ce n'est pas tout…

Que représente votre fils en tant qu'homme ?


C'est notre enfant donc cela représente forcément énormément de choses. Cela représente tout ce que peut représenter la réussite d'un enfant, dans sa vie scolaire, universitaire, sportive, familiale… C'est un grand plaisir de voir sa bonne insertion dans la vie, à force de travail, de souffrance, de détermination. Mais au final, cela vaut le coup, il est en train de vivre une belle jeunesse, grâce à une vie sportive bien remplie, une vie universitaire réussie, il est ingénieur, mais surtout une vie familiale riche avec une épouse et deux enfants magnifiques.

En tant que joueur ?


C'est sa réussite à lui, son plaisir personnel. Quand je le vois heureux, je le suis, lorsqu'il est malheureux, je le suis également. C'est la même chose pour ma fille qui joue au basket, je n'ai pas à les juger, le plus important est de les voir heureux.

Comment êtes-vous intervenu dans son approche du rugby ? Dans son évolution ?


Il a grandit seul avec ses éducateurs et ses entraîneurs. Je ne me suis jamais occupé de lui à proprement parler, je ne l'ai même jamais poussé vers le rugby, il y est venu seul. Bien sûr, par moi, il a vécu dans ce sport, jouait avec les joueurs toulousains que j'entrainais mais il a attrapé le virus seul. Je ne suis intervenu que par les conseils que je lui apportais, et cela continue, mais comme tout père qui veut le bonheur de son enfant. Après je le faisais discrètement, car je ne voulais pas brouiller le message que ses entraîneurs lui faisaient passer, si j'avais un avis différent.

Peut-on parler de fierté, de voir votre fils faire la carrière qu'il connait ?


Je n'aime pas ce mot « fierté » car il est souvent galvaudé. Je suis heureux, content pour lui, de sa réussite, comme je suis malheureux lorsqu'il connait des échecs ou une blessure grave.

Si vous ne deviez lui dire qu'une chose, que lui diriez-vous ?


« Profites-en ! » Il a passé la trentaine, et il ne lui reste plus beaucoup d'années dans le rugby, mais ce sont les meilleures.

Le fils : David Skrela


On parle souvent de famille dans le rugby, est-ce une notion exacte ?


C'est très important, car le rugby, en véhiculant et en inculquant autant de valeurs possède une culture à part dans le monde du sport. Mais aujourd'hui, avec l'internationalisation, l'uniformisation, la professionnalisation, cela a tendance à s'atténuer. Il y a de plus en plus de joueurs étrangers qui arrivent ce qui laisse moins de place aux Français, mais il y a encore d'illustres familles du rugby qui tiennent la baraque.

Que représente la famille dans votre clan ?


C'est une famille de rugby… une certaine philosophie de jeu… des convictions de jeu… des convictions de travail. Mon père a fait du rugby, je fais du rugby, ma sœur fait du basket, nous avons des points communs. Nous travaillons pour nous donner les moyens de réussir dans le sport mais aussi dans la vie.

Que représente le rugby dans votre famille ?


Pour mon père, cela a été un vecteur de réussite, car fils d'immigré polonais, ce n'était pas simple pour lui. Il a beaucoup donné au rugby, mais il lui doit également beaucoup, car sans lui, il ne serait pas l'homme qu'il est. Moi j'ai chopé le virus, je le suivais, et j'ai grandit avec ça.

Que représente votre père en tant qu'homme ?



Droiture… Honnêteté… Franchise… je ne suis pas objectif, c'est mon père ! Il a beaucoup de qualité, et notamment un goût aiguisé pour le travail. Comme joueur, il s'entrainait beaucoup, comme entraîneur il s'endormait devant les matchs qu'il étudiait, et, au CNR il ne compte pas ses heures…ce qui lui arrive, il ne le doit qu'à lui-même.

En tant que joueur, qu'entraîneur ?


Je ne l'ai jamais vu jouer, si ce n'est des bribes de matchs sur ESPN. Je retiens les impressions qu'il a laissées, et le respect qu'il inspirait auprès de ses partenaires, de ses adversaires ou du public. Comme entraîneur, il a prit les rênes de Toulouse quand le Stade n'était pas encore ce qu'il est aujourd'hui, courant des années 80 après la domination de Béziers. Il est à l'origine de l'éclosion du Grand Stade et de sa philosophie de jeu. Je m'en souviens plus lorsqu'il était sélectionneur du XV de France, il regardait beaucoup de match à la télévision et en vidéo, se rendait dans les stades tous les week-ends, il était acharné de travail. Et cela lui a réussit car il a tout de même remporté deux Grands Chelem (1997-1998) et atteint la finale de la coupe du Monde 1999.

Peut-on parler de fierté de réussir la carrière que vous avez et de brillamment succéder à votre père ?


Il y a toujours beaucoup de fierté pour les personnes qui m'entourent, qui font et qui ont fait des efforts pour me permettre d'arriver où j'en suis aujourd'hui. Donc je suis fier pour mon père, mais comme pour ma femme et mes enfants…

Quel est son regard sur tout cela ?


Nous ne sommes pas une famille de grands expressifs, donc il faudra lui demander. Il a fait le Grand Chelem avec la France, mais n'avait rien gagné en club. J'ai eu ce bonheur, donc je pense qu'il doit être fier de moi.

Si vous ne deviez lui dire qu'une chose, que lui diriez-vous ?


Que je suis fier d'être son fils, et que j'espère qu'il est fier que je sois son fils.

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