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Père & Fils : Famille Yachvili

Père & Fils : Famille Yachvili

Publié le 10/11/2010

Le père : Michel Yachvili


On parle souvent de famille dans le rugby, est-ce une notion exacte ?


Le mot famille existe toujours. Le professionnalisme et l'arrivée massive de joueurs étrangers a pu estomper quelque peu cette notion, mais cela reste toujours vrai. Il y a toujours dans les clubs, des joueurs issus de la ville ou de la région et qui perpétuent cette notion de groupe, de famille.

Que représente la famille dans votre clan ?


C'est tout ! Il y a plusieurs choses. D'abord, cela représente quelque chose de très positif lorsqu'elle est unie, car lorsque ça ne va pas, on se retranche dans le cocon familial. Il y a certes une forme d'entraide et de soutien moral et physique pour trouver des solutions. C'est ensuite un trait d'union entre les générations. Les aînés transmettent un flambeau que nous devons transmettre à notre tour, avant que nos enfants le fassent également. Ma famille est celle que j'ai crée, avec mes enfants, qui à leur tour créent la leur. C'est sacré et perpétuel.

Que représente le rugby dans votre famille ?


Quelque chose qui a soudé encore plus notre famille. Nous avons une histoire particulière car c'est né avec mon père lors de la seconde guerre mondiale. Il a fait partie d'une famille en combattant avec des Français et des Géorgiens, dans un esprit d'union fort. Je suis né à Tulle, et le rugby, prépondérant là-bas s'est greffé à ça. J'y ai trouvé une deuxième famille, autour et dans le club, car nous défendions ensemble un club, un clocher, une ville. J'ai immédiatement adhéré et j'y ai pris énormément de plaisir au cours de mes 17 années de rugby en première division, entre Tulle et Brive, des sélections nationales et des finales de Championnat. Ce fut une carrière bien remplie, de joies et de tristesses, et que j'ai voulu faire partager, transmettre à mes trois enfants… ils ont attrapé le virus et appliqué les notions de respect et de convivialité qui allaient avec.

Que représente votre fils en tant qu'homme ?


Si je ne devais dire qu'un mot, je dirai la passion. Enfant, mais comme ses frères car je ne veux pas faire de distinction, il était très attentif aux autres, avec une envie d'apprendre vite, et une motivation à réussir inébranlable. Cela lui a permit d'avancer dans sa vie sportive et personnelle.

En tant que joueur ?


Ca n'a fait que confirmer ce que j'ai ressenti lorsqu'il était jeune. Il se fixait des objectifs, il était ambitieux, était toujours dans l'attente de choses nouvelles. Et ma fierté est de l'avoir, lui et ses frères, poussé à finir ses études pour être paré de ce côté là également. Aussi, à ses 19 ans en 1999, il était encore à Brive, je l'ai mis dans la difficulté, en l'envoyant au PUC pour finir ses études. Il a ouvert les yeux et est parti en Angleterre en 2001, à Gloucester pour goûter à l'expérience Outre-Manche. Puis il est arrivé en 2002 à Biarritz où il réalise depuis une belle carrière. Mais ce n'est pas fini, car à 30 ans, les meilleures années sont à venir.

Comment êtes-vous intervenu dans son approche du rugby ? Dans son évolution ?


Comme pour ses frères, j'ai essayé de leur faire comprendre que jeune, le rugby doit être un plaisir. Participer à l'équipe, et y jouer son rôle en fonction du numéro que l'on porte dans le dos. Donc il fallait leur donner l'envie de jouer, car le mental, le physique c'est bien, mais ça ne fait pas tout si on ne veut pas jouer. Et puis après, je voulais leur apporter la technique individuelle qui leur permettrait d'être meilleurs que les autres.

Peut-on parler de fierté, de voir votre fils faire la carrière qu'il connait ?


A partir du moment où vous avez des enfants, que vous les amenez vers un sport, vous êtes heureux de les voir prendre du plaisir. Après il y a la réussite. Grégoire, mon ainé, a joué au Racing et à Bordeaux, Dimitri et Charles-Edouard, le plus jeune, sont à Biarritz, donc il y a une grande satisfaction. Mais ma plus grande joie a eu lieu en 2003, en voyant deux de mes enfants disputer une Coupe du Monde en Australie, avec Grégoire défendant les couleurs de son pays d'origine, la Géorgie, et Dimitri, celles de la France.

Son regard par rapport à votre fierté ?


Mes enfants n'ont pas vécu sous les sunlights, et à chacune de leur réussite, je leur faisais comprendre que les suivantes le seraient encore plus, donc ils ont une forme de pudeur et de modestie qui pourrait les faire passer pour des personnes introverties au regard des personnes extérieures. Nous parlons ensemble mais ça reste naturel, nous ne nous tapons sur le ventre, nous restons humbles. Tout se passe en interne chez nous, il n'y a pas de mots, les regards se croisent et en disent bien plus.

Si vous ne deviez lui dire qu'une chose, que lui diriez-vous ?


Je lui dirai deux choses. D'abord qu'il continue. Qu'il continue à prendre du plaisir et à en donner, car c'est très important aussi. Ensuite, je lui dirai qu'il a 30 ans, que le meilleur reste à venir.

Le fils : Dimitri Yachvili


On parle souvent de famille dans le rugby, est-ce une notion exacte ?


Le rugby est une passion, et au travers de tous les bénévoles qui travaillent dans le rugby par passion, la notion de famille perdure. C'est génétique, ça se transmet de génération en génération.

Que représente la famille dans votre clan ?


La même chose que dans toutes les familles, du moins je l'espère, c'est essentiel ! Il y a néanmoins quelque chose en plus chez nous, a travers le fait que plusieurs générations ont joué et jouent encore au rugby… nos liens peuvent être renforcés, et ils le sont.

Que représente le rugby dans votre famille ?


Comme la famille, essentiel. Mais c'est normal chez nous. Mon grand-père a joué, mon père a joué, je joue, mes frères aussi, c'est quelque chose qui fait partie de nous, et ce depuis notre enfance, et personnellement j'ai eu la chance d'en faire mon métier. Jouer au rugby a toujours été un immense plaisir, on en parlait toujours, alors aujourd'hui on essaie de parler d'autre chose pour s'aérer un peu la tête.

Que représente votre père en tant qu'homme ?


C'est compliqué et simple à la fois. C'est mon père donc tout est dit ! C'est un homme très proche de sa famille et passionné par le rugby, qui ne parle que de ça et qui vit pour ça, d'ailleurs il est parfois agaçant mais c'est lui. Il a transmis sa passion à ses enfants et le fait toujours avec ses petits enfants. Il y a trois garçons, et il essaie petit à petit des les amener vers le rugby.

En tant que joueur / entraîneur ?


Je ne l'ai jamais vu jouer, mais beaucoup entendu parler. C'était un autre rugby mais il y était heureux et efficace. C'était un joueur costaud, très technique car il a évolué à plusieurs postes, à haut-niveau, devant et derrière.

Comment est-il intervenu dans votre approche de ce sport ? Dans votre évolution ?


Dès l'enfance ! Il était très pointilleux, perfectionniste, et nous conseillait toujours pour réaliser le geste juste. Il le fait toujours aujourd'hui, mais avec l'âge, je perds un peu patience, mais je sais qu'il le fait pour nous faire avancer.

Peut-on parler de fierté de réussir la carrière que vous avez et de brillamment succéder à votre père ?


Absolument. Je connais la frustration de l'échec en finale, comme mon père l'a eu. Alors lors de mon premier titre, j'ai eu une immense fierté, pour moi bien sûr, mais pour lui aussi.

Quel est son regard sur tout cela ?


Il y a énormément de pudeur, ce qui fait que l'on cache parfois nos sentiments, mais je sais qu'il y a une immense fierté, de par ses attitudes ou son regard.

Si vous ne deviez lui dire qu'une chose, que lui diriez-vous ?


Merci bien sur, mais comme tout enfant pour l'éducation que son père lui a apportée. Mais je luis dirai aussi de ne pas s'inquiéter, et qu'un jour je marquerai un essai sur une 89, choses que je n'a jamais faite, et il me gonfle avec ça depuis toujours.

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