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Pierre Bousquier (directeur administratif du BO) : « Une délocalisation doit rester un moment à part »

Pierre Bousquier (directeur administratif du BO) : « Une délocalisation doit rester un moment à part »

Publié le 23/11/2010

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Le BO a fait du stade d'Anoeta de San Sebastian une deuxième maison

Pourquoi les délocalisations sont-elles devenues si incontournables ?


Au regard de la configuration des stades de rugby, la situation n'est pas optimale, et les clubs, qui sont aujourd'hui des entreprises, sont à la recherche d'améliorations et de recettes supplémentaires autour de l'organisation des évènements. Les délocalisations sont donc une solution toute naturelle, car cela permet d'augmenter la notoriété et les rentrées d'argent.




Comment gère-t-on la préparation en amont de ces évènements ?


C'est un boulot énorme. Lorsqu'on délocalise dans une même ville, comme c'est le cas à Toulouse ou à Paris, il y a des problématiques similaires. Ce n'est pas le cas quand cela se passe dans une autre ville, voire dans un autre pays. S'il faut attirer les supporters, il faut également satisfaire les abonnés et les partenaires, et replacer tout ce monde est compliqué, car nous ne pouvons le réaliser informatiquement. Par ailleurs, il faut s'adapter à un lieu et un environnement différent, tout en respectant l'esprit du match, qui au final, reste et doit rester un match à domicile.


Je reviens sur les déplacements hors du territoire qui peuvent poser de réels problèmes. En effet, l'organisation d'un match doit se faire, d'une part en harmonie avec les règlements du championnat qui organise les compétitions, et d'autre part en accord avec les lois du pays d'origine. Mais il faut également l'être avec les lois du pays d'accueil. Et pour nous, en Espagne, il faut l'être avec le Gouvernement Espagnol, le Gouvernement Basque et le Gouvernement des Provinces. Même chose avec la fiscalité, qui n'est pas la même en France et en Espagne. A titre d'exemple, il n'y a pas de TVA sur la billetterie dans l'hexagone, chez nos voisins, si.


Pour tout ce qui tourne autour du match à proprement parlé, c'est très différend, car les stades sont plus grands, les sites différents, et il faut y trouver des repères. Le plus dur réside dans la logistique, où il faut pouvoir acheminer du matériel et transformer le site. A Anoeta, le sport roi reste le football avec la Real Sociedad, et il faut réaménager le terrain, en rajoutant les poteaux bien sur, mais également de la pelouse pour créer les en-buts, espace qui n'existe pas à la base.



Au moment de l'évènement ?


Le jour du match, il n'y a pas de grande révolution. Tout est bien sur multiplié, car il y a plus de monde, mais cela reste un travail « classique » de jour de match.





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Le BO applaudi son public, fidèle même lors des délocalisations en Espagne

Quels en sont les enjeux pour un club ?


Il y a deux choses, et cela varie en fonction de la compétition, que ce soit au niveau continentale ou hexagonal.


Pour les clubs de TOP 14 Orange qui disputent la Coupe d'Europe, il y a une nécessité, dans le cas où l'équipe obtient le droit de disputer un quart de finale à domicile, de jouer dans un stade conforme aux règlements de l'ERC, et donc répondre à une certaine capacité d'accueil. La problématique est double. Il faut d'abord pouvoir s'y retrouver en termes économiques, et donc trouver une enceinte capable de satisfaire tout le monde. Ensuite, et c'est très important, il faut que l'on puisse se sentir chez soi.


Pour le championnat, la problématique est différente, car, il s'agit là de bien choisir l'évènement. L'avantage de la Coupe d'Europe réside dans le fait qu'un club français représente les autres clubs du territoire, et peut donc attirer d'autres supporters, notamment ceux d'autres clubs qui n'auraient pas cette chance. Lorsque l'on dispute le championnat, ce n'est plus la même chose, les supporters ne suivront que leur club. Il faut donc ici trouver des moyens d'attirer un autre public et de le faire venir vers le rugby.




Quelles sont les limites des délocalisations ?


Trop de répétition ! Trop d'évènements tuent l'évènement. Une délocalisation doit rester un moment à part dans une saison, et les multiplier retirerait cette saveur particulière, et pourrait même lasser les supporters.




Comment gère-t-on l'échec d'une délocalisation ?


Il y a deux choses. L'an passé, nous avons connu un accroc avec la réception de Toulouse. Nous nous étions fixé un taux de remplissage conséquent, pas optimal, et nous l'avions atteint. Nous en avons tiré les leçons, mais nous avons également vu que les 22.000 personnes présentes étaient satisfaites. Au final, il y a donc eu un mini échec financier, mais pour le reste, cela a été un succès. Nous avons renforcé notre image auprès de la région de San Sebastian, et nous avons pu attirer plus de personnes que ce que nous aurions pu faire à Aguilera.


Cette saison, nous avons eu un problème différent, car nous avons décidé d'annuler la délocalisation, toujours face à Toulouse. A chaque fois, il y a l'aspect financier qui est très important, mais le sportif reste prédominant. Si Toulouse reste le club qui attire les foules, au moment du match, Biarritz n'avait pas les résultats escomptés, et nous ne voulions pas galvauder l'évènement. Je le répète, cela doit rester un moment à part. Nous avons donc tranché, en nous privant de ce fait d'une recette conséquente, car nous aurions quoi qu'il arrive attiré plus de monde qu'à Aguiléra. Nous voulions que cela reste une fête.





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Le BO a quasiment toujours fait stade comble

Comment gère-t-on les relations avec les collectivités locales habituelles et celle du lieu de la délocalisation ?


C'est très compliqué. La première fois, il y a des volontés diverses, et montrer à tout le monde l'intérêt d'organiser un tel évènement peut faciliter les choses par la suite. Pour notre première délocalisation à Anoeta, en HCUP face au Munster, personne ne nous prenait au sérieux, dans une ville et un pays très ancrés football et où le rugby n'existe pas ou si peu.


Il a fallu défoncer quelques portes pour défendre ce projet. Et sur cet évènement, nous avons amené 30.000 personnes dans un stade de 32.000 places, et il y a eu des retombées directes et indirectes. Pour exemple, entre Biarritz et Anoeta, 8,5 millions d'Euros ont été dépensés en trois jours.


Il faut remercier la Real Sociedad qui nous avait aidés pour cette première en nous donnant quelques clés. Et une fois que nous connaissons ces clés, que les portes se sont ouvertes, on prend nos habitudes. Aujourd'hui, la ville de San Sebastian a mis une personne à disposition du Biarritz Olympique pour faciliter toutes les démarches administratives.



Quels sont les retours espérés ? Les réels ?


Il y a tout d'abord un objectif économique, recherché par tous les clubs, car nous sommes des entreprises, et nous y sommes obligés par la DNACG qui demande des comptes tous les ans. Donc, nous cherchons dans un premier temps à attirer du monde pour avoir les retombées d'argent nécessaires. Le jour du match, on voit si nous sommes dans les clous ou pas.


Il y a ensuite les retombées en termes d'image. Lorsque l'on délocalise, il faut créer l'événement et ne pas seulement rester ancré dans le sportif. Il faut comme je le disais que cela reste un moment à part, à l'image de ce que réussit à réaliser le Stade Français, que l'on ne va pas seulement voir pour le match, mais également pour les spectacles qu'il y a autour. Lorsque nous organisons des rencontres à San Sebastian, nous nous appuyons sur la ville elle-même, charmante, côtière et disposant de capacités d'accueil remarquables. Cela permet de faire la réussite et la renommée de l'évènement, en France et à l'étranger. Si on vient voir un match du BO, on vient également pour passer une journée agréable à San Sebastian.





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Le public biarrot apprécie toujours ces moments passés de l'autre côté de la frontière
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