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Questions/réponses à...Marie-Alice Yahé (France)

Questions/réponses à...Marie-Alice Yahé (France)

Publié le 20/03/2012






Chistina : « Je voudrais savoir comment peut-on intégrer l'équipe nationale féminine de rugby ? »

Pour intégrer l'équipe de France féminine seniors, il faut déjà évoluer en 1ère division féminine dans l'un des différents clubs de France. Comme pour les autres équipes nationales, nos matchs sont supervisés par les sélectionneurs et entraîneurs de l'équipe de France. Ceux-ci nous repèrent sur des matchs et ensuite nous convoquent sur des stages de sélections plus approfondis à Linas-Marcoussis. Suite à ces stages où l'on nous testera sur des entraînements de rugby et des tests physiques, les sélectionneurs choisissent les 22 joueuses pour le tournoi des VI nations , la coupe d'Europe , ou les Tournées…



Antoine : « Je joue aussi demi de mêlé dans mon club pouvez vous me donnez des conseil pour mieux jouer ? Merci »
Pour être un bon numéro 9, il faut travailler énormément la technique individuelle et notamment les passes et le jeu au pied. La passe est primordiale chez un demi de mêlée. C'est ce que je travaille le plus avec le jeu au pied. Le travail physique aussi est important : des séances de courses de musculations pour être en forme vu le rythme à ce poste et pour garder la lucidité pendant tout le match. Il faut aussi parler beaucoup et aimer commander ; ne pas avoir peur de diriger ; avoir une « grande gueule » dans le bon sens du terme. Sur le terrain, faut toujours « lever la tête » comme me répètent les coachs en permanence, pour regarder partout et jouer là où il faut. Le 9 commandant le jeu, autant le faire correctement. Mon conseil personnel c'est : Amuse-toi et éclate-toi au rugby et à ce poste ! C'est le plus beau poste. Tu as bien choisis !



Dominique : « Votre reconversion au poste de n°9 a-t-elle été un tournant dans votre carrière et pensez-vous que votre parcours aurait été aussi brillant sans celle-ci ? »

J'ai toujours évolué au poste de numéro 9. J'ai été formée à ce poste dès mes débuts. A mon arrivée à Montpellier, j'ai été déplacé au centre pour un essai et j'ai conservé ce numéro pendant 2 ans ainsi que quelques sélections. Le poste de centre m'a d'ailleurs certainement servi par la suite quand j'ai retrouvé le numéro 9 car je suis revenue au poste avec une vision différente utile dans la lecture du jeu. Il est certain que le jour où l'on m'a conseillé, en équipe de France, de reprendre la mêlée a été le moment le plus important dans ma carrière puisqu'il m'a permis de réellement évoluer au poste que j'adore et qui devait me permettre de me révéler en équipe de France. Je ne regrette absolument pas ce choix et je remercie même le sélectionneur qui me la conseillé ! Ma carrière n'aurait certainement pas été la même si j'étais restée au centre. J'avais des limites à ce poste qui m'aurait peut-être permis de faire quelques sélections, mais je ne pense pas avoir eu cette carrière.



Jean-Paul : "Pensez-vous que la France se passionnera pour la coupe du monde de rugby féminin comme elle l'a fait pour son équipe de France féminine de football ?

Je souhaite sincèrement que la France se passionnera pour le rugby autant qu'elle a pu le faire le foot féminin. Ce sont des sports qui méritent d'être connus, avec de grandes joueuses qui méritent elles aussi d'être reconnues. C'est un sport aimé en France quand les garçons jouent. Le fait d'être pratiqué par des filles reste le même sport, aussi beau et aussi complet, avec peut-être même parfois plus de jeu, plus de mouvement. Forcément, je vais défendre mon sport mais une chose est sûre c'est que, nous, on fera et on donnera tout pour vous passionner. Parce qu'on veut faire évoluer notre sport et parce qu'on aura besoin de vous derrière et avec nous lors de la coupe du Monde de 2014 qui a lieu en France.



Jean-Paul : « Comment avez-vous eu la vocation de joueuse de rugby ? »

J'ai toujours baigné dans le rugby. J'ai tendance à dire que je suis née avec « un ballon de rugby dans le berceau ». Le rugby fait partie de ma vie depuis toujours. J'ai simplement découvert plus tardivement que je pouvais aussi y jouer. Au départ, j'accompagnais mon père entraîneur de Montceau-les-Mines. Ensuite, j'ai suivi mes frères : le grand, Jean-Baptiste, qui m'a appris à faire des passes. Ensuite, à Dijon, en sport étude athlétisme, une amie, Fanny Calonge, ma emmené essayer le rugby. Depuis cet essai je n'ai jamais plus arrêté. Désormais, c'est au tour de ma famille de me suivre, et je suis mon petit frère Yves-Marie qui évolue au Creusot. J'ai aimé ce sport car il est pour moi très complet. On y retrouve une aventure humaine et sportive comme dans beaucoup de sports collectifs. Le rugby possède des valeurs que l'on ne retrouve nulle part ailleurs ! Et, sportivement, je m'y retrouve car il faut allier et développer nombre de qualités comme la force, la puissance, la vitesse, l'intelligence de jeu… Le rugby est, réellement, une belle école de vie.



Christophe : « Que faudrait-il révolutionner pour que le statut des sportives et, en particulier celui des rugbywomen, soient enfin mieux reconnu ? »

Merci beaucoup pour tous ces encouragements. Pour faire évoluer le rugby féminin, il faudrait d'abord tendre vers la mise en place d'un statut de la joueuse inexistant actuellement mais en gestation. Cela permettrait de mener en parallèle vie professionnelle ou étudiante, et pratique sportive de haut niveau. Nous espérons que l'ouverture aux médias va permettre au rugby féminin de réellement se développer. Je pense que la médiatisation ramène de la reconnaissance et de l'argent, des sponsors…cela permettra une autre lisibilité au rugby féminin. Cela est nécessaire pour que les joueuses puissent tendre vers du semi-professionnalisme et atteindre les sommets mondiaux.



Niels : « France 4 a diffusé pour la première fois un match de l'équipe de France féminines (enfin !), cela va surement ouvrir de nouveaux horizons aux filles… est ce que ton équipe et toi avez abordé ce match différemment ? Encore plus de motivations ? »

C'est une grande fierté d'être retransmis sur une chaîne tel que France 4. Notre préparation est restée la même. Nous avons joué le match comme les autres matchs, dans le but avant tout de le gagner ! Le fait d'être retransmises nous a mis un peu de pression supplémentaire. Nous avions à cœur de bien faire, de donner une belle image de notre sport ! Au vu du nombre de téléspectateurs, c'est déjà une belle avancée pour nous et cela promet de belles choses.

Notre retransmission a réellement boosté le rugby féminin. Cela lui a donné une autre dimension en ouvrant des personnes au rugby féminin. Il a cassé l'image négative que peut avoir ce sport féminin ! Cela a permit de présenter les joueuses. De montrer que le rugby féminin n'est pas le fait de garçons manqués ou de gabarits hors normes. Le rugby est un sport accessible à toutes. Fait de mouvements, de beau jeu et parfois même plus intéressant que certains matchs de garçons sans doute plus fermés au niveau du jeu. Le rapport de force est différent et du coup notre jeu est plus aéré, plus dans l'évitement et la technique.


Lilian : « A ton avis si le XV de France « Masculin » a fait match nul contre l'Irlande était-ce parce que capitaine Titi est galant et vous a laissé le soin de pouvoir d'être à votre tour dans la lumière ? Match à Charletty, contre l'Angletterre et diffusion sur une grande chaine France 4 bien visible… Est ce que tu espères que cela va booster le rugby féminin et va encore faire évoluer les mentalités ? Merci »

Malgré le côté « galant » dont je ne doute pas de la part de « Titi » Dusautoir, il aurait certainement largement préféré une belle victoire et défendre un grand Chelem en même temps que les filles. Et nous aurions été, très sincèrement, ravis pour eux.


Florent : « Est-ce que l' arrivée d'une nouvelle manageur général (A. Hayraud) a changer le fonctionnement de l'équipe de France, et si oui quels sont ces changements ? »

L'arrivée d'Annick Hayraud a fait du bien à l'équipe de France. Son passé de joueuse internationale permet de transmettre aux joueuses des choses dont ont a besoin. En termes de discours, de conseils, elle a vécu ce que nous vivons actuellement et sur des matchs importants, elle sait nous aider à gérer la pression. Son arrivée n'a rien changé dans notre mode de fonctionnement, car Annick est quelqu'un de discret mais a su apporter des petits changements quant au choix de nos chambres par exemple… Des petits détails qu'elle même a pu vivre en tant que joueuse.



Quentin : « Ca fait quoi de partager sa vie avec un rugbyman professionel ? »

Vivre avec l'homme de sa vie c'est forcément magique ! Donc notre vie se passe très bien merci ! Le fait qu'il soit « professionnel » ne change rien à l'homme qu'il est. L'avantage c'est qu'en termes d'entraînement, j'ai la chance d'avoir un coach parfait à la maison et aussi la chance d'aller voir de très beaux matchs de rugby ! C'est un joueur magnifique car c'est avant tout un homme magnifique. Mais l'un ne va pas sans l'autre…

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