Publié le 14/11/2011
- Robert N. : « Racontez nous, votre carrière amateur… »
« Formé à Aurillac, j'ai intégré l'US Dax en 1992 et suis passé professionnel en 1996. Il y a quinze ans maintenant. Le rugby pro n'avait rien à voir avec ce qu'il est aujourd'hui. Nous étions au tout début.
Ce que je retiens du rugby amateur c'est cette possibilité qui était donnée aux joueurs de mieux s'intégrer socialement notamment lors de l'après-rugby. Je pense qu'on pouvait intégrer beaucoup plus vite ce qu'on appelle « la vraie vie ». Avec la distance qui est la mienne aujourd'hui, je trouve que la majorité des clubs coupent leurs joueurs de la vie sociale en les assistant trop. Désormais un joueur peut ne plus s'occuper des choses de la vie : trouver un appartement, remplir des papiers, chercher une école pour ses enfants,… Lorsqu'ils quittent le giron professionnel, c'est très difficile pour eux car ils n'ont pas conscience de tout cela. Mais attention, le rugby professionnel est nécessaire pour optimiser les performances, pour exploiter les possibilités du joueur et lui permettre d'être plus performant. »
- Robert N. : « Après 9 journées de PRO D2, qu'est ce que vous pouvez en dire de ce début de saison ? »
« Je dois avouer que jusqu'à présent j'ai trouvé les matchs d'une qualité assez moyenne. Mais j'ai le sentiment depuis 2 journées que les équipes commencent à se faire à leurs plans de jeu. Ce n'est pas une surprise car nombre de staffs ont changé à l'intersaison et il fallait laisser aux joueurs un temps d'adaptation. Les derniers week-ends ont été de meilleures qualités. Personnellement, la PRO D2 est une compétition que j'apprécie car, du point de vue des projets de jeu, on y voit de tout. Ce serait intéressant de l'approfondir, de lui donner une dimension plus importante afin d'en faire un TOP 14 Orange bis car elle le mérite vraiment ! »
- Noémie : « Vous êtes consultant sur Eurosport, qu'est-ce qui vous plaît dans ce rôle ? »
« C'est un rôle très intéressant car il permet de voir d'autres facettes du rugby professionnel. C'est un moyen de passer de l'autre côté de la caméra. Je suis consultant PRO D2 et Challenge Cup et j'aime bien cette prise de distance. Je dois aussi avouer que, étant à la recherche d'un club à entraîner, c'est une bonne occasion de discuter avec des présidents et des entraîneurs pour parfaire ma formation dans ce domaine. J'aime bien rencontrer et échanger avec eux. »
- Olivier G. : « Y a-t-il une possibilité de vous voir postuler à Carcassonne suite au prochain départ de Labit, qu'il se fasse en début d'année 2012 ou fin saison 2012 ? »
« En PRO D2 il y a des projets de développement très intéressants, et Carcassonne en fait partie. Il faut déjà attendre que Christian Labit confirme les rumeurs et quitte l'USC. Ensuite, on verra… J'ai conscience de tout ce qu'il apporté à ce club, et Carcassonne mérite qu'on y prête attention. »
Olivier Ch. : « Bonjour, Je voudrais savoir pourquoi le Stade Aurillacois n'est jamais télévisé, merci »
« (Rires). C'est une bonne question mais je tiens à préciser que ce n'est pas moi qui fais la grille de programme. Pour Eurosport, retransmettre de la PRO D2 tous les weekends est une nouveauté. Il y a des impératifs de communication, de marketing, d'audience et même de configuration des stades dont il faut tenir compte. J'espère vivement qu'Aurillac sera télévisé. Cela me permettrait en plus d'aller voir mes parents (Rires). »
Bertrand B. : « Bonjour Olivier. Nous sommes tous les 2 aurillacois et de la même génération. De très bons joueurs, dont tu fais partie, ont été formés au Stade puis sont allés faire de très belles carrières dans des clubs plus prestigieux. N'as-tu jamais eu l'envie de revenir t'investir dans le club de tes débuts ? Je regrette qu' aujourd'hui tous ces très grands joueurs, influents, ne soient pas présents au Stade. Bonne continuation ! »
« Pour être sincère, depuis que j'ai quitté Aurillac, en 1992, je n'ai jamais eu véritablement de relations avec la direction du club. Pour que les anciens donnent un petit coup de main, même amical, il faut aussi qu'ils soient sollicités.
Personnellement cela n'a pas été le cas. Si demain s'organise un match exhibition avec les anciens, je viendrai y participer avec grand plaisir.
Mais attention, ce que je dis ne se limite pas à Aurillac. J'ai le sentiment que nombre de clubs oublient leur passé et pensent trop au présent ou à l'avenir. Il y a peu Aurillac a fêté son centenaire, et cela aurait pu être l'occasion de se retrouver pour échanger de bons souvenirs avec les joueurs actuels. »
Jacques R. : « Vous souvenez-vous de vos débuts de rugbyman sur la plaine des jeux de La Ponétie à Aurillac ? et de votre club formateur le stade aurillacois ? Vous n'en faites pas état et le dirigeant bénévole que je fus le regrette parfois. Meilleurs sentiments sportifs. »
« Oh que oui je m'en souviens ! La Ponétie c'est mon jardin, j'habitais à 30 mètres du stade et je passais par là pour aller à l'école. Comment voulez-vous que j'oublie Aurillac ? Mes souvenirs de rugby y sont nés ; ma passion aussi ! Je suis toujours un petit gars du Cantal ! Enfants, avec mes frères on s'occupait du tableau d'affichage de l'équipe première ; je traînais dans les vestiaires en permanence, y compris à la mi-temps lors des discours des entraîneurs ! J'ai vu des gars rentrer avec les côtes cassées ! Ca m'a marqué dans ma vie d'adulte. Je conserve des images incroyables de cette époque. Aurillac ce sont des valeurs, une ferveur formidable, des joueurs durs au combat. Côtoyer cela a certainement conditionné l'adulte que je suis devenu. Il y a toujours eu des figures marquantes à Aurillac, des gens un peu marginaux. Je prends toujours plaisir à évoquer ces belles années… »
Bernard P. : « Ex-Aurillacois, que pensez-vous du début de saison du SAC et du recrutement d'inter-saison ? »
« Pour le moment on assiste à une saison moyenne et la dernière défaite est très lourde (40-3 à Mont-de-Marsan, NDLR). Là aussi le nouveau staff n'a été installé qu'à l'inter-saison, et il faut assimiler le projet de jeu. Je pense qu'Aurillac devrait plus jouer sur l'identification locale, à l'image de ce qu'a fait Oyonnax. Il y a eu trop d'étrangers recrutés à mon avis, notamment sud-africains. Il y a de très bons éducateurs dans ce club, et un vivier intéressant pour la formation. Si les étrangers sont une plus-value pour les « locaux » cela est positif. Mais c'est difficile de défendre à 100% des couleurs qui ne sont pas les vôtres…La saison va être dure pour le Stade. Il va falloir s'accrocher… »
Romain A. : « Bonjour Olivier, vois-tu la saison de l'équipe de La Rochelle lancée, et, si oui, jusqu'où cette dynamique peut-elle conduire les Maritimes ? »
« Ils sont allés gagner à Bourgoin, puis à Auch, et je pense qu'effectivement leur saison est bien lancée. On commence à voir une équipe qui a des repères dans son jeu, dans son animation offensive. C'est très intéressant. Pour moi, La Rochelle sera en position de disputer l'accession en TOP 14 Orange, y compris au travers de la première place et du titre. Le groupe est de qualité. L'environnement est motivé. La Rochelle connaît le TOP 14 Orange et l'exigence de la PRO D2. »
Maxime G. : « Bonjour Olivier ! Vous avez souvent croisé la route de l'ASBH en ce début de saison sur Eurosport. Que pensez-vous de ce début de saison difficile ? Quels ingrédients manquent aux Biterrois pour réussir ? Merci »
« C'est très compliqué pour ce club. Pour avoir beaucoup discuté avec les dirigeants et connaître Richard Astre, je commence à mieux appréhender l'ASBH. Si, comme je l'évoquais chez certains clubs la référence au passé est –à mon avis- trop absente, chez eux l'histoire pèse…Je crois que Béziers n'a pas fait le deuil de son glorieux passé. Tant qu'ils n'auront pas fait ce deuil, ce sera très difficile de répondre aux défis présents. Ils doivent laisser un projet de jeu se mener à bien. Je pense aussi que Béziers peut surfer sur ce capital sympathie qui est le sien, et axer son développement sur la formation. Cette saison, Philippe Benetton a repris les rênes, et il doit faire passer son message. Si les derniers résultats se confirment, Béziers pourra prétendre au maintien. Quoiqu'il en soit, le défi s'annonce très difficile. »
- Stéphanie S. : « Quels souvenirs conservez-vous de votre passage à l'ASM ? On a le sentiment que cela s'est mal terminé entre le club et vous… »
« C'est vrai que cela aurait pu mieux se terminer. J'ai mon caractère, et il y a des choses qui se sont passées que je n'avais pas appréciées. J'aurai aimé connaître un meilleur départ eu égard à ce que je pense avoir apporté à ce club. Des petites querelles ont pourri ce départ, mais avec le temps les mauvais souvenirs s'estompent. Je remarque cependant qu'en 2005 il m'a notamment été reproché d'annoncer mon départ avant la fin de la saison, mais qu'aujourd'hui c'est monnaie courante. J'admets avoir aussi ma part de responsabilités. Lorsqu'on est à fond dans le rugby pro, on a aussi du mal à prendre de la distance.
La seule chose qui me gêne un peu c'est que je pense qu'à l'époque on avait un groupe capable d'aller chercher des trophées. J'ai le sentiment que les choses n'étaient pas très claires au niveau de l'organigramme. Certains sont plus venus pour eux et pas pour gagner…Heureusement que Vern Cotter est arrivé car l'ASM était dos au mur. Le club a laissé les clés à Cotter qui a mis beaucoup de rigueur dans le club, et qui a fait en sorte que chacun se cantonne à son rôle : le président à la présidence, le manager au management, les joueurs au jeu, etc, etc. Je suis très content pour l'ASM de constater que le travail et la rigueur ont payé ».
- Franky : « Après avoir entraîné Brive qui allez-vous entraîner ? »
« Je ne sais pas. Je pense en savoir plus d'ici la fin de l'année. Je m'occupe de France A et des Amateurs, j'ai officié un an pour l'équipe nationale grecque. Cela a été une expérience originale, de retour au rugby amateur. J'attends avec impatience de retrouver le banc de touche. Je me sens prêt. J'ai nourrit mon projet de jeu, j'ai une idée des gens avec qui je souhaite travailler. Tout est dans des cartons. Je pense sincèrement être prêt pour relever ce défi ».