Publié le 14/10/2011
Daniel C. : Mr Benetton bonjour êtes-vous satisfait du recrutement « vidéo » ? Merci
Nous avons effectivement recruté des joueurs grâce à des vidéos. Je suis satisfait d'eux même si, pour l'instant, on ne voit pas trop ce qu'on a vu sur ces vidéos. Mais il faut savoir qu'un joueur qui arrive dans un club, notamment s'il est étranger, il lui faut au minimum trois mois pour s'adapter. Il faut s'imaginer le changement que cela représente pour lui : une autre culture, une autre langue, un déracinement et parfois une séparation d'avec femme et enfants, un autre rugby aussi, un autre fonctionnement,…Certains de nos joueurs logent toujours à l'hôtel et ne se sentent pas « installés ». Sans compter les problèmes administratifs qui viennent se greffer à tout cela. Au final, il est délicat de penser à 100% au rugby. En plus, on n'a pas eu énormément de temps pour préparer cette montée. Je pense qu'il faut être patient avec eux…
Michel A. : Comment expliquez-vous que Limoges ne soit pas monté l'an passé ? Périgueux, l'un des deux promus avait même été battu deux fois. Qu'est-ce qui n'a pas marché ? L'équipe avait fort belle allure en effet !
Je pense que ça n'a pas marché parce que les structures ne sont pas encore faites pour évoluer en PRO D2. J'ai essayé de mettre des choses en place, mais ça n'a pas fonctionné car, à mon avis, Limoges fonctionne encore comme un club de Fédérale 3. Il y a des ambitions certes, mais dans les faits ça ne suivait pas. Nombre de gens qui promettaient ne venaient que pour les matchs. Or, aujourd'hui, si un club veut monter dans la hiérarchie, il a besoin de professionnalisme en dehors du terrain.
Bernard F. : Depuis le début du championnat la mélée bleu et rouge prend souvent la marée adverse. ne serait- il pas nécessaire (voir urgent) de recruter un très bon pilier droit ?
Je n'ai pas le sentiment qu'on prenne tant que ça la marée comme vous dîtes. Nous avons des soucis de liaison, de position et d'attitude mais on travaille et nous n'en sommes qu'au début du championnat. Il faut trouver ses marques.
Concernant ce poste de pilier droit, j'ai un joueur qui est blessé (Mathieu Gouagout pour deux semaines encore, NDLR), un qui est argentin (Matias Narvaez, NDLR) et doit sa familiariser avec la langue et ce que j'ai dit plus haut, un autre qui est très jeune (Damien Méric, 24 ans, NDLR) et est en phase d'apprentissage. Il faut savoir que le poste de pilier droit est très spécifique. Un bon pilier droit est rare et cher. Mais si voulez être partenaire du club, et nous permettre de recruter un tel joueur, vous êtes le bienvenu (Rires).
Francis G. : Je voudrais savoir si Mr Benetton c'est aperçu de la façon dont 2 équipes de la coupe du monde sont arrivées à stopper les fameuses cocottes de leurs adversaires ? Bien entendu sans faire de faute.
Ce que l'on peut surtout constater c'est la différence d'interprétation des règles entre les arbitres du Nord et du Sud. Chez nous, tout est sifflé, il faut faire très attention. Pour stopper les mauls, nous avons mis une stratégie en place il est vrai. D'autre part, l'engagement et le niveau technique des joueurs n'est pas le même en coupe du Monde. Il est donc très difficile de s'en inspirer.
Jeanne J . : Comment regardez-vous les matchs de l'équipe de France au Mondial ? Comme entraîneur, comme ancien joueur, comme supporter ?
Lorsque l'équipe de France joue, je regarde comme un supporter, et j'adore ça ! Si je vois des choses intéressantes, j'essaie de les retenir mais je m'offre le droit d'être dans l'émotion. J'ai envie qu'ils gagnent alors je pousse derrière eux. Je vis la chose sans pression, pour le fun et c'est super ! Ce qui m'intéresse c'est de prendre du plaisir, que le rugby gagne.
Yves P. : Philippe, l'ASBH connait un début de saison difficile du au retard pris à l'intersaison… cette PRO D2 a l'air vraiment homogène… quelle place espérez vous pour notre club à la fin de la saison ? Des recrues sont elles prévues (notamment aux postes de pilier droit et centre / arrière ) ??? MERCI pour votre réponse.
Notre but est d'assurer le maintien le plus rapidement possible pour commencer à travailler la saison 2012-2013 au plus tôt. Le recrutement a misé sur la venue de jeunes joueurs. Ils n'ont jamais connu la PRO D2, mais la volonté a été de conserver ce noyau de Fédérale afin de progresser week-end après week-end. Alors certes ça peut sembler ne pas payer, mais on a remporté un match et un bonus, ce qui était notre objectif. Il faut qu'on prenne conscience que le maintien est possible. Que l'on a les atouts pour y parvenir.
Thomas L. : Quelle a été le moment le plus mémorable de ta carriere ?
Ah, c'est toujours délicat ce type de question car il y en a tellement. Mais la tournée 1994 où on va gagner nos deux matchs en Nouvelle-Zélande –ce qu'aucune autre équipe de France n'a fait dans l'histoire- reste particulière. Pour la 100e sélection de Philippe Sella on bouscule les Blacks lors du premier match (22-8) et on nous promet l'enfer au second. On l'emporte finalement 23-20. J'ai senti ces jours-là une équipe arrivant à maturité, en parfaite communion. La veille du second test on effectue un entraînement sous la pluie. Très propre : pas un ballon tombé, pas une entrée en mêlée ratée, de très bons lancers en touche. Dans le car pour aller au stade, le lendemain, on avait mis un CD d'Eddy Mitchell et on chantait. Ca respirait la confiance, la sérénité. Un moment de grâce.
Bernard B. : Question simple. Quand le retour a AGEN ?. Quel dommage tous ce temps perdu non ?. A bientôt et voeux de réussite.
(Rires) Ce n'est pas quelque chose de programmé. Si ça doit se faire, cela se fera mais je suis très bien à Béziers. Lorsqu'on est entraîneur on n'a pas vraiment de plan de carrière. Bien sûr, je suis attentivement les résultats car j'ai passé 17 ans dans ce club qui mérite l'élite. Mais le projet à Béziers est une belle opportunité.
Eric V. : Bonjour Philippe, Pourriez vous envisager, à chaque match à domicile, comme avec votre prédécesseur Jean Anturville, de passer, à la fin de l'échauffement, devant la tribune de face avant de retourner aux vestiaires ? Si non, pour quelles raisons ? Beaucoup de supporters ont énormément appréciés ces gestes l'an dernier qui permettait aux joueurs comme aux supporters de rentrer dans le match en étant au soutien et facilité l'osmose entre une équipe et son public. Allez Béziers Merci
Personnellement, je ne suis pas convaincu que les joueurs restent bien concentrés par rapport à ça. En PRO D2, il ne faut vraiment pas se louper. J'ai repris une autre tradition, celle de s'échauffer sur le terrain annexe. Je ne m'inquiète pas. Si la communion avec les supporters doit se faire, elle se fera naturellement, nous avons des joueurs assez généreux pour cela. J'ai pris cette décision pour protéger mes joueurs, car je considère que cela peut leur bouffer de l'énergie. Un joueur qui se prépare a besoin de concentration, d'un rituel programmé, de repères. Rien ne doit perturber son approche du match.
Sylvain M. : Pensez-vous avoir laissé l'USA Limoges comme il était lorsque vous êtes arrivé à la tête de l'équipe première, notamment au niveau de l'école de rugby ?
Avec Didier Palisson, le père d'Alexis, nous sommes intervenus auprès des éducateurs de l'école de rugby car nous avions des idées particulières sur ce que doivent véhiculer des éducateurs. Nous avons mis des choses en place. Certains éducateurs étaient plus tournés vers la multiplication de tournois quand nous, nous voulions former des joueurs. Je pense que ces derniers avaient acquis plus de qualités à mon départ. J'ai essayé de laisser des valeurs, une formation, un programme.
Christian B. : Bonjour Philippe, pensez-vous raisonnablement qu'un retour de l'ASB en Top14 est envisageable ? Avez-vous, au fond de vous, la recette pour celà ?
L'ambition de la nouvelle direction du club, et du président Cédric Bistué est de remonter en première division. Mais attention, les choses ne se feront pas l'an prochain ni même la saison suivante. C'est plus un projet sur 5 ans. Il est important de pérenniser le club en PRO D2, de construire un jeu, une équipe, de former régulièrement des joueurs. Avant de monter une maison, il faut établir des fondations solides.
Martin T. : Bonjour Philippe, Je suis supporter de l'ASBH et je voudrais savoir quels sont selon toi les secteurs de jeu où l'équipe peut encore s'améliorer au fil de la saison ?
A peu près partout ! On n'a eu que 6 semaines de préparation. On entre dans une deuxième phase du championnat où on va tenter de poser notre jeu. Béziers est passée d'une équipe structurée en blocs, à une équipe qui doit être plus mobile. Mon ambition est de jouer au maximum. C'est un travail qui ne se voit pas maintenant, mais plus on va avancer dans la saison, plus on doit et on sera compétitifs. Nous travaillons tous pour cela.