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Saison 2010-2011: le bilan de Didier Mené, président de la Commission centrale d’arbitrage

Publié le 02/08/2011

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Didier Mené, président de la CCA

- Le 8 juillet 2011 vous avez dressé un bilan de la saison 2010-2011 concernant l'arbitrage. Quels en sont les points positifs et négatifs ?

Le vrai point positif par rapport à 2009-2010 est que nous n'avons pas connu de polémiques concernant les phases finales.

L'aspect négatif est l'augmentation de la contestation des entraîneurs sur le bord du terrain. En 2010-2011, la commission de discipline de la LNR a convoqué 27 membres des encadrements techniques TOP 14 Orange et PROD2, contre 23 la saison précédente, 10 en 2008-209 et seulement 4 en 2006-2007. Cela doit s'arrêter si on ne veut pas que les joueurs s'engouffrent dans la brèche ouverte par les techniciens et que le rugby connaisse les dérives du football !



- Quelles mesures vont être prises pour mettre fin à ces dérapages ?

J'ai expliqué aux présidents des clubs que la LNR allait mettre en place un barème de sanctions financières particulièrement dissuasives. Ca me désole d'en arriver là, mais nous n'avons pas le choix. Hiérarchiquement, les présidents ont la responsabilité de sensibiliser leurs entraîneurs, et c'est le même message que j'ai voulu faire passer lors de la réunion avec les entraineurs le 18 juillet.



- Cela veut-il dire que les entraîneurs n'ont pas à critiquer l'arbitrage ?

Absolument pas ! Au contraire même ! Nous sommes les premiers à faire notre autocritique et nous avons mis en place de nombreux outils afin de progresser. Les entraîneurs peuvent nous faire remonter leur ressenti, leurs critiques, leurs interrogations. Ils peuvent faire cela à froid, après une analyse sincère d'une phase de jeu. A chaud, ils doivent éviter de céder à la pression. Ce que je leur reproche c'est qu'ils n'utilisent pas cette possibilité. Ils ont la possibilité d'envoyer des DVD, des photos, des documents écrits. Nous sommes ouverts et demandeurs afin d'être les plus pertinents possibles. Mais seulement un tiers d'entre eux utilisent ces outils ! Nous les avons rencontrés le 18 juillet et 29 clubs sur 30 étaient présents. Nous leur avons rappelé l'existence et l'importance de ces retours. Ils sont donc informés.



- Certains entraîneurs reprochent aussi aux 4e ou 5e arbitres qui sont au bord du terrain d'en faire parfois de trop…

C'est vrai. Là aussi nous avons demandé aux arbitres présents en bord de touche de faire preuve de discernement et de diplomatie. Peut-être faudra t'il leur adjoindre un délégué sportif plus expérimenté qui pourrait justement remplir ce rôle de modérateur. Il est vrai que dans l'action d'un match, un entraîneur est, lui aussi, soumis à une grosse pression.



- Lorsqu'on côtoie le monde des arbitres, on se rend compte que vous n'êtes jamais satisfaits de vous, que vous êtes très souvent dans l'autocritique. C'est une attitude certes humble, mais ne faudrait-il pas des fois être moins humble et plus sûr de soi ?

C'est un reproche que l'on commence à entendre. Peut-être…Mais nous aimons le rugby. L'autocritique c'est s'ouvrir aux autres et les dérapages sont d'autant plus inacceptables. Jamais un arbitre n'a refusé de discuter avec un joueur ou un entraîneur ! Les arbitres sont passionnés par ce jeu. Il y a aussi de fortes valeurs humaines dans le rugby. C'est pour cela que nous sommes si soucieux d'être au plus près du terrain. Les arbitres ont une telle importance dans un match que nous voulons tout faire pour se rapprocher du zéro faute. Même si ceci est une utopie, nous voulons y tendre.



- Romain Poite a été félicité par la presse britannique après son tournoi, Pascal Gaüzère vient d'intégrer le panel IRB. Ce sont là deux belles satisfactions pour l'arbitrage français, non ?

La promotion de Pascal Gaüzère est une satisfaction car c'était notre objectif, le maximum de représentation d'une nation au panel IRB étant étant de 4 arbitres. La France étant une nation majeure du rugby il est logique que nous ayons 4 arbitres. Mais cette promotion est accompagnée du retrait de Christophe Berdos du niveau international. Et ça, je le déplore vivement. Il faut donc qu'on commence à préparer celui qui sera amené à le remplacer. Notre objectif est d'avoir plusieurs candidats sérieux au poste.



- Vous avez aussi mis en place un « coaching » qui est un tutorat pour les arbitres TOP 14 Orange et PRO D2…

Oui, nous avons 10 arbitres coachs d'arbitres en TOP 14 Orange et en PRO D2. Ils seront chargés, régionalement, de 3 arbitres dont ils analyseront les matchs soit lors de déplacements, soit grâce à la vidéo. Ce travail sera fait toutes les semaines et fera l'objet de commentaires, de discussions individuelles ou en groupe. D'autre part, on va aussi mettre en place des doublettes qui permettront à un arbitre de champ de choisir un de ses deux assesseurs, et de le conserver toute la saison. L'autre arbitre de touche, qui est aussi l'arbitre remplaçant, changera toutes les semaines afin de permettre un plus grand brassage au plus haut-niveau. Enfin, nous allons insister sur la responsabilisation de l'arbitre de champ concernant certaines décisions. Aujourd'hui, certains arbitres se reposent un peu trop sur les arbitres de touche or, ces derniers n'ont pas forcément les pré-requis pour être compétents dans cette évaluation de la prise de décision. Les arbitres de touche en championnat professionnel viendront au minimum de la Fédérale 1. A terme, nous souhaiterions que les arbitres de touche de TOP 14 Orange intègrent tous les anciens arbitres de PRO D2.


- Deux nouveaux arbitres sont promus de PRO D2 en TOP 14 Orange, et 5 de Fédérale à PRO D2 dont 7 de moins de 30 ans. Assiste-t-on à un renouvellement de génération ?

La volonté fédérale et les exigences physiques du haut-niveau ne permettent plus à un arbitre de plus de 45 ans d'être aussi performant qu'il l'a été. En parallèle, nous avons aussi mis en place un ensemble de mesures incitant tous les clubs qui évoluent en TOP 14 Orange, en PRO D2 mais aussi en Fédérale et en championnats territoriaux, à fournir des candidats arbitres. Nous voulons recruter dans toutes les tranches d'âge, dès 15 ans. On aura donc des arbitres qui vont commencer leur carrière plus tôt, et pour les meilleurs être au top niveau vers 35 ans au plus tard. Il leur restera alors une carrière d'une dizaine d'années, soit quasiment autant que les joueurs. L'arbitrage a connu un creux générationnel. On a aujourd'hui plus de 2.000 arbitres en France, mais cela reste trop juste pour assurer un vrai réservoir.


- Il n'y a aussi que 30 arbitres d'élite pour le TOP 14 Orange et la PRO D2.

Nous avons cette saison 8 arbitres du secteur pro qui se sont arrêtés. Cela nous oblige à lancer des jeunes arbitres en championnat professionnel dès cette saison. C‘est une prise de risque, et cela a été dit aux clubs. S'ils ont la technique, la maîtrise des règles, ces arbitres n'ont pas encore toute l'expérience. Mais, a contrario, ce sont des jeunes qui ont été élevés avec le rugby professionnel. Ils ont une approche très pro, ils se préparent avec la vidéo, avec des coachs et ont une excellente condition physique. Ils connaissent les enjeux du professionnalisme. L'idéal c'est d'avoir entre 30 et 35 arbitres car cela permet de faire tourner, de reposer certains arbitres et de pallier aux blessures. Il faut savoir que certains clubs pros n'ont même pas un arbitre actif en leur sein, quand le Stade Toulousain en a 16 ! Les clubs possédant le plus d'arbitres, licenciés ou non, sont ceux qui sont le moins sanctionnés, et qui ont les meilleurs résultats. Ce n'est certainement pas un hasard.

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