Publié le 08/11/2011
Il est 9h au Rugby Club, avenue Hoche à Paris, et le monde du rugby s'est réuni pour assister à une conférence de presse d'avant match réunissant présidents, entraîneurs et joueurs des deux camps. Une conférence somme toute logique pour un match de gala qui va se dérouler au Stade de France, et qui constitue comme à l'accoutumée un petit évènement. Si ce n'est que le match en question n'est autre que le derby francilien, opposant donc le Stade Français Paris au Racing-Métro 92 le 3 décembre prochain.
Tout un programme au regard des relations passées entre les deux clubs, et dont une légère amertume, en passe d'être effacée, perdure selon les dires du président du club alto-séquanais Jacky Lorenzetti. « Je suis ravi de la tenue de ces deux évènements, preuve que le Racing-Métro 92 existe, et merci à la nouvelle équipe du Stade Français qui a permis cela, alors que l'on nous le refusait depuis deux ans ». Petite pensée à Max Guazzini, ancien président du club, visé par cette allusion. Passée cette pique, les débats pouvaient alors débuter avec une nouvelle banderille humoristique portée par le nouveau dirigeant stadiste, Thomas Savare, offrant à son homologue un calendrier du Stade Français, sujet à polémique entre les deux clubs l'été dernier.
Mais il fallait bien que cette conférence soit animée, sachant que les deux formations, visant toute deux les sommets du championnat, proposant des visages diamétralement opposés, et devant faire leur place ou la conserver pour rester au top. Les deux Présidents, soutenus en cela par Richard Pool-Jones, vice-président du Stade Français, y parvinrent parfaitement, mais cela n'en fit pas oublier pour autant le sujet central de la réunion, les deux derbys de la saison. Et à ce sujet, tout le monde était sur la même longueur d'onde.
Tous veulent que ces deux matchs soient sportivement attractifs, et que la fête soit belle. « J'ai hâte, car ces deux matchs, entre deux grandes équipes, seront je l'espère des rencontres à fort enjeux. Mais j'espère également que le stade sera plein à chaque fois, et que la fête sera belle », avouait Thomas Savare. A l'unisson, son homologue ajoutait que « l'idée est également de faire de ce rendez-vous une fête et une fête pour le plus grand nombre, en proposant des premiers prix de places à 5€ ».
Du côté des spécialistes du terrain, l'idée est la même. « Ce derby est une bonne chose, et cela prouve qu'il y a de la place pour deux clubs en région parisienne » expliquait Pascal Papé. « Nous allons pouvoir entrer dans le cœur des Parisiens, et j'espère que la fête sera belle ». Sébastien Chabal poursuivait : « Il va y avoir une grosse émulation autours de ce match, et je pense que le stade sera trop petit pour accueillir tous ceux qui voudront assister à ces rencontres. C'est une très bonne chose pour le rugby francilien, mais aussi pour le rugby français en général ».
Mais si la fête doit être belle, et qu'elle doit attirer du monde, il faut que le spectacle soit au rendez-vous. Et en cela, les deux camps comptent bien y mettre les ingrédients adéquats, comme l'explique Pierre Berbizier, le directeur sportif du RM92. « Ce match se place dans la continuité de rencontres de haut niveau, et nous le préparons en tant que tel. Nous voulons nous inscrire au plus haut niveau, et pour cela, il faut se confronter aux meilleurs. Paris en a fait partie, souhaite y revenir, à nous de répondre présent ». Même son de cloche du côté de Mickael Cheika. « J'ai vécu un derby en Irlande, entre le Munster et le Leinster, et ce que je peux vous dire, c'est que les vrais derby se disputent sur la pelouse, quand les joueurs veulent mourir pour le maillot. C'est que je demanderai aux miens ! A nous d'être prêts ce jour-là pour être performants ».
Tout le monde est prévenu, les coachs font de ces rendez-vous de vrais combats, et les deux joueurs présents, étant tous deux passés par Bourgoin, férus de combats, promettent qu'ils répondront présents. Le deuxième ligne parisien explique que recevoir les Racingmen « donnera une motivation supplémentaire, mais il ne faut pas se tromper, ce sera comme pour tous les autres matches de rugby, il faudra de l'agressivité, du combat ». Sébastien Chabal acquiesce : « Paris est revenu de très loin cet été, et c'est une bonne chose qu'ils soient à nouveau d'attaque pour le championnat. Les deux clubs visent le haut de tableau, et ce sera certainement un gros combat ».
C'est donc un évènement sur et en dehors du terrain qui se prépare, et à juste titre. « C'est une légitimité, une reconnaissance, et la confirmation que Paris est une place forte de ce sport, qui n'est pas seulement réservé au sud-ouest » lâche Jacky Lorenzetti. A Thomas Savare d'ajouter. « C'est évidemment un sommet du rugby francilien, du rugby du nord, et la volonté est d'en faire à terme un sommet du rugby national. C'est une initiative commune entre les deux clubs et le Stade de France, et il faut y voir la volonté de chacun d'officialiser ce derby, dans ce stade, pour les trois prochaines saisons ».
Pérenniser cet évènement est un signe fort, mais ne doit pas masquer le quotidien des deux clubs. Car trop d'évènement tue l'évènement, et à l'image de Sébastien Chabal, tout le monde se veut prudent. « Il y a évidemment une saveur particulière, car nous sommes voisins et que nous allons jouer ce match au Stade de France, mais depuis que le rugby est devenu professionnel, il est compliqué de donner plus d'importance à un match plutôt qu'à un autre… tous les matchs comptent, tous les points comptent… »