Tous les sites LNR
Billetterie

Une cellule psychologique parce que les rugbymen sont avant tout des hommes

Une cellule psychologique parce que les rugbymen sont avant tout des hommes

Publié le 20/04/2011


Le rugby, un sport où le doute prend souvent trop de place.

Le rugby ne cesse d'évoluer et de se complexifier, les différentes problématiques qui l'accompagnent aussi. Dans un monde où la performance individuelle mise au service du collectif se fait reine, l'état psychique du rugbyman en tant qu'individu à part entière n'en demeure pas moins important. Trop souvent tabou dans ce sport de guerriers, d'hommes forts (aussi bien sur le plan moral que physique), les faiblesses de l'âme touchent pourtant de nombreux joueurs.


« Une équipe se compose plus ou moins de 40 joueurs, qui n'ont pas tous leur place et bien que l'on passe 5 heures ensemble au quotidien, les affinités sont réduites » explique Florian Ninard, joueur du Stade rochelais. Le maitre-mot est donc : « cacher ses faiblesses pour faire ses preuves et gagner sa titularisation » déclare l'ailier. Autrement dit, une fois les crampons chaussés, la pelouse foulée, le rugbyman porte un masque, à travers lequel, il est difficile de pénétrer et d'identifier une source de problème ou un besoin d'aide. C'est pourquoi, ce toulousain d'origine voit en cet outil « un moyen d'améliorer le quotidien du joueur par rapport aux pressions qui se font toujours plus importantes ».



Le concept se dédie à la sphère privée du joueur dans laquelle « le club ne doit pas intervenir » selon l'ailier rochelais. « Il est important que ce soutien n'interagisse pas avec le secteur professionnel comme cela pourrait être le cas pour n'importe quel autre métier » déclare Florian Ninard.



Si l'aide et le soutien psychologiques sont institutionnalisés dans le cahier des charges des Centres de Formations, la présence d'un psychologue sportif n'est pas encore intégrée aux équipes premières des clubs. Bien que certaines équipes aient déjà eu recours à un préparateur mental en période d'urgence, comme ce fut le cas avec Michel Berger, Docteur en STAPS, qui a travaillée avec l'ASM. Mais ce suivi se consacre principalement aux performances collectives, ce qui laisse de côté certains problèmes pourtant évidents, tel que la vie de famille, les blessures, la reconversion, la maladie…



JPEG - 29.9 ko
Pour Florian Ninard, la cellule psychologique est « un moyen d'améliorer le quotidien du joueur par rapport aux pressions qui se font toujours plus importantes ».

Dans un désir utopique, si l'on souhaite optimiser le rendement de chaque joueur il faudrait donc se consacrer à lui seul. Lorène Delcor, psychologue du sport, chargée de missions avec le Centre de Formation du MHR, considère cette initiative comme extrêmement favorable : « aujourd'hui la présence de psychologue dans les structures sportives se démocratise et cela est primordial pour le bien-être du joueur. Et même si encore trop de joueurs ont peur de montrer leurs faiblesses dans un environnement lié à la performance, le fait que ce soit une approche téléphonique pourra en aider un certain nombre ».



« L'idéal serait ensuite d'ajouter à ce besoin ponctuel un suivi thérapeutique », affirme Lorène Delcor. Néanmoins, la psychologue du MHR explique que « dans le cadre d'une première approche, à travers laquelle on écoute et ensuite on débriefe pour faire un point sur la situation, c'est déjà une opportunité remarquable ». Dans l'ère moderne du rugby, les carrières des sportifs se font plus compliquées : « on obtient le statut de professionnel puis l'année suivante on le perd,… il faut donc être bien encadré et comme je le répète souvent aux jeunes qui me consultent, les difficultés peuvent être assimilées à une entorse, cela se prend en charge et se soigne » ajoute Lorène Delcor.



« L'origine du projet correspond bien aux valeurs du rugby, bien qu'il y est une certaine tendance à la robotisation, avec les mesures métriques qui représentent le joueur, il y a toujours eu une considération du sportif » ajoute t-elle.


Marcel Rufo, pédopsychiatre, amoureux du rugby, voit en cette idée « une chance remarquable bien qu'un peu trop intimiste ». Il identifie le problème à travers un manque de sensibilisation envers les joueurs et entraineurs en ce qui concerne l'enjeu psychologique : « ils ont encore tendance à rejeter tout ce qui se rapporte au psychique et c'est une grosse erreur ! »



La cellule psychologique garantie l'anonymat aux joueurs. Un point sur lequel Marcel Rufo n'est pas entièrement d'accord : « il est difficile de croire que l'on peut aider sans connaitre réellement qui nous parle. Cela revient à ouvrir la boite de Pandore et la refermer aussitôt » déclare-t-il.



Mais au-delà de cela, ce passionné de ballon ovale apprécie cette démarche qui permet de « repérer des fragilités qui nuisent surtout à la vie privée ». Et dans un milieu où Le rugbyman professionnel à une courte vie, puisqu'il prend sa retraite autour des 35 ans, « il est donc essentiel de l'accompagner dans ce parcours qui rend parfois extrêmement vulnérable » confie le médecin-psychiatre. « Il est important que les évènements de vie soient reconnus dans le rugby » conclue-t-il.



La cellule psychologique, concept novateur dans le sport de haut niveau, a pour objet de rendre accessible à tous un soutien extérieur. Mathieu Blin (Président de Provale), Serge Simon (médecin au CHU de Bordeaux) et Sabine Afflelou (médecin-psychiatre au CAPS), qui ont tous les trois porté ce projet à terme, ont voulu offrir une possibilité aux joueurs de : « mettre des mots sur les maux » !



Permanence téléphonique : 05.56.79.58.14

..