XV de France : polyvalence, alchimie des générations… mais personne d’incontournable

A l'image de Danien Traille, capable de couvrir plusieurs postes derrière, la polyvalence est très présente dans les rangs tricolores

Côté polyvalence, devant, et surtout derrière, plusieurs joueurs capables de couvrir plusieurs postes ont été retenus. Aujourd'hui, et à un tel niveau de compétition, « tous les joueurs sont appelés à rendre service sur un match entier ou sur des bribes de matchs à d'autres postes » explique Emile Ntamack, membre du staff du XV de France. Mais force est de constater que la situation actuelle, pourrait permettre aux tricolores de voir venir en cas de pépin.

Sébastien Chabal, 3ème ligne mais capable de descendre dans la cage. Imanol Harinordoquy à l'aise sur les trois postes de la troisième ligne. François Trinh-Duc, ouvreur mais rendant service au centre, comme le Briviste Fabrice Estebanez. Yannick Jauzion, à l'inverse, pouvant passer du centre au poste de 10. Aurélien Rougerie repositionné au centre avec succès. Maxime Médard et Alexis Palisson, aussi performants à l'aile qu'à l'arrière… la liste est conséquente et découle des clubs selon l'entraîneur français : « Nous ne rendons pas les joueurs polyvalents, ils le deviennent en club. Nous les confortons dans ce rôle ».

Mais le cas le plus criant reste celui de Damien Traille, formé au centre, mais capable de jouer à l'ouverture et à l'arrière. Un joueur de cette trempe et pouvant couvrir autant de poste peut aujourd'hui paraitre incontournable. Mais le coach tricolore n'est pas du même avis : « un joueur incontournable est un joueur que nous recrutons en premier et autour duquel on bâti le reste de l'équipe. Ce n'est pas le cas, car personne n'est incontournable ! »

« Il y a aussi l'incontournable « banquette », capable de rendre service à plusieurs postes, mais n'y étant pas le meilleur, et donc appelé à rester sur le banc de touche pour dépanner », prévient l'ancien centre international, qui met en garde contre la facilité que peut laisser planer une telle capacité. « Damien, comme les autres, a été retenu pour son état de forme du moment et ses qualités. Ce n'est pas sa polyvalence qui a fait la différence ».






POLYVALENCE ET ALCHIMIE DES GENERATIONS

De retour sous le maillot Bleu pour cloturer le dernier Tournoi des VI Nations, Dimitri Yachvili a depuis toujours été appelé, et retrouve son meilleur niveau...

Autre caractéristique qui se dégage, les générations se côtoient dans un XV de France un peu vieilli par rapport au groupe retenu l'an passé au même moment, pour un équilibre générationnel d'où émergent plusieurs tendances.

Devant, et particulièrement en première ligne, les « vieux », tels que William Servat ou Nicolas Mas restent leader de jeu, mais doivent rester méfiants, car les jeunes poussent très forts, à l'image de Thomas Domingo, Guilhem Guirado ou Jérôme Shcuster… « Le but était que cela se passe, car la place n'est réservée à personne » affirme Emile Ntamack. « Tout le monde peut prétendre à une sélection, mais il faut en être digne, et sur certains postes, les anciens ont montré et montrent encore qu'on ne leur était pas passé devant ».

Derrière, la jeunesse a inondé la ligne trois quarts, poussant, sur cette sélection en tout cas, certains
joueurs de grand talent et plus expérimentés sur la touche, le tout dans une saine concurrence et offrant des choix nombreux, variés mais tous de qualité : les confirmations de Marc Andreu et Jérôme Porical, le retour de Maxime Médard, la première convocation de Yoan huget… preuve que le vivier tricolore est loin de se tarir et que les jeunes pousses ne sont pas que de passage. « C'est très bien car cela crée une certaine émulation » avoue l'ancien toulousain avec satisfaction…

… avant d'émettre un petit bémol. « Même si à moins d'un an de la coupe du Monde, on aimerait avoir un groupe, plus resserré, sur lequel nous pourrions nous appuyer pour préparer cet évènement. Ce n'est pas le cas, car ça tourne beaucoup, mais pas uniquement en raison de notre volonté. Les joueurs sont capables d'être très bons pendant une période et donc d'être sélectionnés, et puis de l'être beaucoup moins, et donc de voir d'autres joueurs prendre leur place en Equipe de France. La hiérarchie est sans cesse renouvelée ».

A l'inverse, certains anciens, écartés à un moment, effectuent un retour fracassant, à l'image de Dimitri Yachvili, Damien Traille ou Aurélien Rougerie. Pour l'entraîneur du XV de France, ce ne sont pas des surprises. « Morgan Parra nous accompagne depuis trois ans maintenant, il a notre confiance et a toujours su nous la rendre, mais il n'y a pas de surprise avec Dimitri qui revient à son meilleur niveau. Ce n'est pas le seul, je reviens sur le cas Damien Traille qui revient très fort, ou d'Aurélien Rougerie qui a été repositionné au centre en club et qui montre de bonne choses, même si tout n'est pas parfait ».





RIEN N'EST FIGE

Certes tourné vers la Coupe du Monde, Emile Ntamack met d'abord l'accent sur les échéances à court terme, les Tests puis le Tournoi, et rappelle que n'est figé, ni pour les sélectionnés, ni pour les déçus.

Ce XV de France, qui peu paraître surprenant, offre donc une certaine tenue de route avec des joueurs capables d'évoluer à plusieurs postes, et profitant d'une belle alchimie entre des jeunes qui poussent, et des « anciens » toujours en pleine forme ou qui la retrouve. Pour autant, rien n'est figé comme l'explique Emile Ntamack : « Il y a eu des discussions sur certains joueurs, car beaucoup sont très proches, et cela se joue sur l'état de forme actuelle des troupes, et sur ce qu'elles montrent tous les week-end en championnat ».

Donc, au regard de cette sélection, choisie sur les dernières performances, tout est encore possible pour les déçus. Poitrenaud, Beauxis, Dupuy, Thion, Bastareaud, Picamoles, Skrela, Clerc, Fall… non retenus en Novembre, pourraient donc l'être en Février pour l'ouverture des VI Nations, et surtout en Septembre 2011 pour la Coupe du Monde… « Je le répète, personne n'est incontournable » affirme Emile Ntamak. « Mais pourquoi tout modifier à si peu de temps de la Coupe du Monde, d'autant qu'une partie de l'équipe, je pense aux avant ou à la charnière, nous accompagne depuis trois ans, et que les choses avancent dans le bon sens. Il y a des fluctuations sur certains postes, à nous de trancher ».

Des fluctuations et donc des places à prendre. A commencer par ces Tests d'automne où les revenants et les nouveaux venus devront saisir leur chance, au risque de voir les nombreux joueurs frappant à la porte du XV de France revêtir le maillot bleu. « Pour ces tests, nous allons poursuivre notre logique, en impliquant au maximum les joueurs comme nous le faisons depuis le début » explique l'entraîneur français. « Nous allons faire tourner sur les deux premiers matchs, et garder les plus performants pour le dernier ».

Les 31 sont prévenus, il ne faudra pas se rater face aux Fidji et à l'Argentine, s'ils veulent défendre les couleurs françaises face à l'Australie à la fin du mois de novembre, mais surtout signer un bail longue durée avec les Bleus… les VI Nations en ligne de mire, puis la Coupe du Monde.

Crédit photo : Presse Sports